Le dilemme de la privatisation d’OCP Nutricrops
En 2022, le gouvernement marocain a annoncé la création de la filiale OCP Nutricrops, dans le but de diversifier les activités du géant mondial des phosphates. Dotée d’un capital de 13,8 milliards de dollars, cette nouvelle entité vise à offrir des solutions de fertilisation personnalisées et à valoriser les produits industriels du Maroc.
L’objectif est clair: sortir le Maroc de son rôle de simple exportateur de matières premières pour se concentrer sur des produits à forte valeur ajoutée. Cependant, un piège se cache derrière cette noble intention: l’ouverture du capital d’OCP Nutricrops à des investisseurs privés.
Une transition en douceur vers la privatisation
Le lancement officiel d’OCP Nutricrops en avril 2024 marque une étape importante dans ce processus. Les actifs ont été transférés avec succès, et la filiale se concentre sur la fourniture de solutions durables en matière de nutrition des plantes et de santé des sols.
Cependant, l’option d’ouvrir le capital de Nutricrops a été évoquée, suscitant des questions sur les implications de cette décision. Certains voient dans cette privatisation une opportunité de moderniser la gouvernance industrielle du Maroc et de favoriser l’innovation.
Les enjeux de la privatisation
La question de la privatisation soulève des préoccupations majeures. D’une part, l’accès préférentiel aux phosphates, matière première essentielle, pourrait être compromis si des investisseurs privés entrent en jeu. D’autre part, l’ouverture du capital pourrait fragiliser la souveraineté nationale et exposer l’entreprise à des intérêts financiers externes.
La légitimité de la Bourse de Casablanca elle-même pourrait être remise en question, et la sécurité alimentaire du Maroc et de la région pourrait être compromise par des intérêts étrangers.
Une décision stratégique
La privatisation de Nutricrops soulève des interrogations sur la politique industrielle du Maroc et sur la protection de ses intérêts nationaux. La question n’est pas tant le besoin de financement que l’allocation des ressources et la préservation de la souveraineté.
Il est crucial de déterminer si le Maroc souhaite rester maître de ses leviers de puissance économique ou s’il est prêt à céder une part de sa souveraineté au marché financier international. Dans un contexte de montée de la souveraineté économique, la réponse à ce dilemme semble être un enjeu majeur pour l’avenir du pays.