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Quelles sont les chances de succès de la stratégie gouvernementale en matière d’emploi?

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Feuille de route pour l’emploi au Maroc : un plan ambitieux pour lutter contre le chômage

Face à la montée inquiétante du chômage, aggravée par la sécheresse persistante et le recul de l’emploi en milieu rural, le gouvernement marocain a dévoilé une Feuille de route pour l’emploi (FRE) visant à faire passer le taux de chômage de 13,3% en 2024 à 9% d’ici 2030. Dotée d’un budget global de 15 milliards de dirhams, cette stratégie s’appuie sur plusieurs leviers pour relancer la dynamique du marché du travail.

Des mesures concrètes pour relancer l’emploi

Parmi les mesures phares, rappelle le magazine Challenge, se trouvent la création de 1,45 million d’emplois, le soutien massif aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) via une enveloppe de 12 milliards de dirhams, la promotion de l’entrepreneuriat, l’accès facilité au financement et l’encouragement à l’exportation. Un autre axe prioritaire concerne l’intégration des jeunes dans le marché du travail, soutenue par 2 milliards de dirhams dédiés à l’alternance, à la formation professionnelle et à des dispositifs d’insertion.

Le programme ambitionne également de limiter les pertes d’emplois agricoles (1 milliard de dirhams) et de moderniser la gouvernance du marché de l’emploi, notamment en renforçant le rôle de l’ANAPEC et en instaurant des mesures spécifiques pour améliorer l’accès des femmes à l’emploi, comme le transport et la garde d’enfants. La lutte contre le décrochage scolaire et la réforme de la formation professionnelle figurent également parmi les priorités.

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Des scénarios prospectifs pour évaluer la faisabilité des objectifs

Pour évaluer la faisabilité de ces objectifs, le Policy Center for the New South (PCNS) a mené une étude approfondie basée sur des projections économétriques dont Challenge rend compte. L’étude s’est notamment penchée sur l’élasticité emploi-croissance, un indicateur mesurant l’impact de la croissance économique sur la création d’emplois. Au Maroc, cette élasticité est estimée à 0,23, ce qui signifie qu’une hausse de 1% du PIB n’entraîne qu’une augmentation de 0,23% de l’emploi, un niveau relativement faible.

À partir de ce constat, le PCNS a développé quatre scénarios prospectifs. Le premier postule que pour atteindre le taux de chômage ciblé de 9% d’ici 2029, une croissance économique soutenue de 7,9% par an serait nécessaire, un objectif jugé ambitieux, voire irréaliste sans rupture majeure. Le deuxième scénario, plus modéré, table sur une croissance annuelle de 4%, permettant de créer environ 500.000 emplois. Ce scénario est considéré comme plus atteignable dans le contexte actuel.

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Le troisième scénario indique qu’un chômage réduit à 6,65% nécessiterait une croissance exceptionnelle de 10,4% par an, ce qui semble peu probable sans profondes transformations économiques et structurelles. Le quatrième, en prolongeant les tendances actuelles, projette un taux de chômage à 11,9% en 2029, soulignant l’urgence d’une réforme effective pour espérer infléchir la courbe.

Une réussite conditionnée par la capacité du Maroc à stimuler sa croissance

En résumé, la Feuille de route pour l’emploi incarne une volonté forte de redresser le marché du travail, mais sa réussite dépendra largement de la capacité du Maroc à stimuler sa croissance, moderniser son économie et renforcer ses politiques publiques en matière d’emploi. Sans impulsion structurelle majeure, l’objectif des 9% risque de rester hors de portée.