Le Maroc face à ses défis en matière de transition énergétique
Le Maroc aime se présenter comme un champion régional de la transition énergétique. Pourtant, le dernier rapport du Forum économique mondial (WEF), publié en collaboration avec Accenture, jette une lumière crue sur une réalité plus contrastée, indique le quotidien L’Economiste dans son édition du vendredi 20 juin. Classé 70ème sur 118 pays dans l’Indice de transition énergétique 2025, le Royaume reste englué dans le ventre mou du classement mondial, un statut de «leader maghrébin» qui ressemble davantage à une consolation qu’à une consécration.
Certes, le Maroc affiche une progression. Avec un score global de 53,7, il se situe au-dessus de plusieurs pays africains. Mais à y regarder de plus près, ce progrès est loin d’être homogène ni suffisant. Le pays brille sur certains aspects, notamment la performance actuelle de son système énergétique, notée à 58,6, mais accuse un retard inquiétant sur des dimensions stratégiques essentielles à toute transition durable, lit-on.
L’accessibilité de l’électricité, la baisse des coupures, une meilleure équité d’accès à l’énergie: autant d’avancées indéniables. Mais ces acquis masquent des carences graves, notamment en matière de préparation à la transition, où le Maroc n’obtient que 46,4. Derrière les discours officiels et les stratégies ambitieuses, le terrain reste mal préparé, résume L’Economiste.
Paradoxalement, c’est l’axe «réglementation et engagement politique» qui affiche un score élevé (72,2). Une fois de plus, les politiques sont écrites, les feuilles de route existent, mais la traduction concrète tarde à suivre. Les infrastructures énergétiques sont sous-dimensionnées (42,3), les investissements encore hésitants (50,5), et surtout, le capital humain est dramatiquement absent de l’équation, avec un score abyssal de 18,4 pour l’éducation et les compétences. Le Maroc rêve d’énergies renouvelables, mais avec quels ingénieurs, techniciens ou chercheurs pour les mettre en œuvre?
Le pays s’érige en hub énergétique vert, mais peine à créer l’écosystème humain et technologique qui rendrait ce virage crédible, lit-on encore. L’innovation, elle aussi, reste atone (33,6), incapable de pallier le déficit structurel de compétences. Sans une mobilisation massive autour de la formation et de la recherche, la transition risque de n’être qu’un slogan politique de plus.
Le WEF propose une feuille de route: renforcer les partenariats public-privé, moderniser les réseaux, sécuriser les investissements à long terme, accélérer le soutien à l’innovation. Mais tant que les obstacles structurels (infrastructures faibles, fuite des compétences, lenteurs bureaucratiques) ne seront pas levés, le Maroc continuera à s’auto-congratuler pour un leadership régional qui ne repose que sur le vide laissé par ses voisins.