Optimisation de la gestion de la dette publique marocaine
Pour le Trésor marocain, la dette publique cesse de constituer une menace imminente, et ce d’autant plus dans un contexte où les recettes fiscales continuent de surprendre positivement. Le récent relèvement de la notation souveraine du royaume par l’agence S&P Global Ratings témoigne de cette dynamique, mais ce sont surtout les résultats concrets de la discipline budgétaire qui méritent d’être soulignés, indique le quotidien Les Inspirations Éco dans une analyse dédiée.
Des progrès significatifs dans la réduction de la dette
Entre 2020 et 2024, le ratio de la dette du Trésor par rapport au PIB est passé de 72,2% à 67,7%, soit un recul de plus de quatre points en seulement cinq ans. Les projections contenues dans le Projet de loi de finances pour 2026 laissent même envisager un taux d’endettement de 65,8% du PIB, une trajectoire qui rappelle les niveaux atteints au début de la décennie précédente, lorsque la dette se situait autour de 58,2% du PIB. Cette baisse du ratio s’accompagne d’une diminution de la charge des intérêts de la dette, estimée à 41,6 milliards de dirhams en 2025, soit 2,3% du PIB.
Une gestion active et proactive de la dette
Cette évolution résulte à la fois d’un recul de la charge des intérêts de la dette intérieure, de 0,9 point, et d’une réduction de 6,9% de celle de la dette extérieure, écrit Les Inspirations Éco. Les experts de la direction du Trésor et des Finances extérieures attribuent ces résultats à une gestion active et proactive de la dette, une stratégie qui combine rigueur et anticipation. Ces gains sur le service de la dette sont renforcés par la croissance exceptionnelle des recettes fiscales, qui ont contribué à contenir le déficit budgétaire au cours des quatre dernières années.
Une réduction du déficit budgétaire
Depuis 2021, le déficit de l’État a ainsi reculé de 3,3 points de PIB pour atteindre 3,8% en 2024, avec une prévision de 3% pour cette année. Chaque point de déficit en moins correspond à une moindre dépendance à l’endettement, dans un contexte où la collecte fiscale reste vigoureuse. Pour financer ses besoins, le Trésor dispose de deux leviers principaux: la croissance économique, génératrice de recettes fiscales supplémentaires, et la maîtrise des dépenses. Dans ce cas précis, c’est avant tout l’explosion des rentrées fiscales qui a permis de réduire le recours à l’emprunt.
Des créanciers diversifiés pour le Trésor marocain
La cartographie des créanciers du Trésor révèle également des évolutions significatives, souligne Les Inspirations Éco. La dette extérieure publique a atteint 468,2 milliards de dirhams en 2024, représentant 29,3% du PIB, et est détenue majoritairement par des créanciers multilatéraux (52,8%), suivis par des prêteurs bilatéraux (19,9%) et le marché financier international (27,3%). Pour la première fois depuis 2015, cette dette dépasse celle des autres emprunteurs publics. Parmi les principaux prêteurs internationaux, la Banque mondiale concentre près de 30,2% des créances, suivie par la Banque africaine de développement (16,2%), la France (11,8%), la BEI (10,2%), l’Allemagne (7,6%), le Fonds arabe pour le développement économique et social (4,1%) et le Japon (3,5%).
Une stratégie basée sur la gestion active de la dette
La réussite de cette stratégie repose sur ce que les spécialistes appellent la «gestion active de la dette», commente Les Inspirations Éco. Il s’agit d’un ensemble de mesures visant à réduire le risque de refinancement en lissant l’échéancier des obligations et en maîtrisant les besoins de financement de l’État. Les opérations de rachat ou d’échange de titres, notamment ceux arrivant à maturité dans les 18 mois, ne cherchent pas à générer des gains immédiats, mais à sécuriser la structure de la dette et, à terme, à diminuer son coût global. Selon le ministère des Finances, cette approche méthodique constitue un levier essentiel pour assurer la stabilité financière de l’État tout en élargissant ses marges de manœuvre budgétaires.














































