Réforme majeure dans la gestion d’actifs marocains
Réuni le 13 novembre dernier à Rabat pour l’édition 2025 de la Conférence de l’Association des sociétés de gestion et fonds d’investissement marocains (ASFIM), l’écosystème financier a reçu un message clair: la gestion d’actifs entre dans une nouvelle phase structurante.
Modernisation du cadre réglementaire
Dans son allocution, Tarik Senhaji, président de l’AMMC, a rappelé la portée de la réforme opérée par la loi 03-25, soulignant que celle-ci «vient moderniser en profondeur le cadre régissant les OPCVM pour répondre à l’exigence d’une mobilisation accrue de l’épargne nationale».
Cette réforme intervient au moment où l’industrie bat de nouveaux records. «L’encours sous gestion a atteint 790 milliards de dirhams à la fin du mois dernier», a-t-il insisté, un niveau historique qui confirme la montée en puissance des organismes de placement collectif dans l’économie marocaine.
Evolution significative des OPCVM
En retraçant l’histoire des OPCVM, le président de l’AMMC a rappelé les débuts modestes du secteur: «En 1996, l’actif net n’atteignait pas encore 3 milliards de dirhams».
Le franchissement de la barre des 100 milliards de dirhams en 2006 a marqué un premier basculement. Depuis, «l’industrie ne cesse de battre des records, non seulement d’encours, mais aussi en termes de contribution directe au financement de notre développement», a poursuivi M. Senhaji.
Les OPCVM, pilier du financement public
Aujourd’hui, les OPCVM s’imposent comme un pilier central dans la formation du capital national. Leur montée en puissance ne se limite plus à la simple gestion d’épargne: elle façonne désormais en profondeur l’architecture du financement public.
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Cette influence se mesure d’abord à travers leur contribution décisive au marché des Bons du Trésor, où ils détiennent près de 40% de l’encours total. Leur présence est tout aussi structurante dans les secteurs stratégiques d’infrastructures.
Ainsi, ils représentent 47% des souscriptions aux obligations portuaires et 69% de celles émises dans le domaine aéroportuaire. Leur rôle devient encore plus dominant dans les réseaux essentiels du pays: les OPCVM absorbent 80% des émissions du secteur eau-électricité et jusqu’à 88% de celles du segment des télécommunications.
Pour le président de l’AMMC, les OPCVM ne sont plus seulement un véhicule d’investissement, mais une véritable colonne vertébrale du financement public, indispensable à la modernisation des infrastructures nationales.
Une ouverture vers de nouveaux horizons
Le cœur du message de M. Senhaji réside dans l’élan que la nouvelle loi apporte à l’industrie. En ouvrant la voie aux ETF, aux OPCVM participatifs, aux fonds en devises et aux véhicules à règles de fonctionnement allégées, le cadre réglementaire modernisé doit permettre d’étoffer l’offre et d’élargir la base des investisseurs.
À ce propos, le président de l’AMMC a pointé un potentiel encore sous-exploité: la clientèle retail. «La part des investisseurs particuliers représente seulement 8,2% des actifs gérés et le nombre de souscripteurs reste inférieur à 25.000», a-t-il rappelé, malgré une montée en puissance de leur participation boursière ces dernières années, multipliée par quatre.
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Dans un passage particulièrement attendu, Tarik Senhaji a tenu à réaffirmer les exigences de l’AMMC en matière de gouvernance et de protection des épargnants. «Nous serons intransigeants: toutes les décisions d’investissement doivent être prises exclusivement dans l’intérêt des souscripteurs», a-t-il déclaré.
Les sociétés de gestion devront ainsi renforcer leurs dispositifs de maîtrise des risques, leurs moyens humains et techniques, et leur transparence opérationnelle.
«La confiance demeure le socle de l’attractivité, de la croissance et de la résilience», a rappelé le président de l’AMMC.
Projection vers l’avenir
Dégageant une perspective, M. Senhaji a fait une projection ambitieuse à l’horizon 2030. Pour lui, l’industrie doit assumer désormais un rôle central dans la conduite des transformations stratégiques par un financement de la transition énergétique, un soutien à la montée en puissance du hub financier africain, un déploiement de la digitalisation et de la fintech et un renforcement de l’inclusion financière, en phase avec les orientations royales. Il ajoute: «Nous avons bâti une véritable ligne à grande vitesse de la gestion d’actifs, capable d’irriguer l’économie réelle», résume M. Senhaji, appelant à faire des marchés de capitaux un levier de souveraineté, d’inclusion et de prospérité partagée.














































