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Altice, géant français des télécoms, se retire d’Intelcia

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Altice se retire d’Intelcia, le géant marocain des centres d’appels

Altice, le géant français des télécommunications et des médias dirigé par Patrick Drahi, se retire d’Intelcia, le principal acteur marocain des centres d’appels, dont il détenait 65% depuis 2016. Cette décision intervient dans un contexte de difficultés financières croissantes pour le groupe, fortement endetté et engagé dans un vaste réseau d’activités à l’international. Selon le magazine Jeune Afrique, les parts détenues par Drahi devraient revenir aux actionnaires historiques de l’entreprise, Karim Bernoussi et Youssef El Aoufir, qui détiennent actuellement 35% du capital. Une annonce officielle sur cette opération est attendue dans les semaines à venir.

Un investissement marocain ambitieux pour Patrick Drahi

La présence de Patrick Drahi au Maroc avait été marquée par une ambition forte dès 2016. L’acquisition d’Intelcia représentait son premier investissement dans son pays natal, et elle avait été perçue comme un véritable «Big Bang» pour le groupe marocain, alors propulsé parmi les leaders de la relation client en France, écrit Jeune Afrique. À l’époque, Intelcia comptait quelques milliers de salariés; aujourd’hui, l’entreprise emploie plus de 40.000 personnes sur près de 90 sites répartis dans 19 pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, avec un chiffre d’affaires prévu de 784 millions d’euros en 2024. L’entrée de Drahi au capital avait été saluée comme un signal fort de la capacité du Maroc à attirer des investisseurs d’envergure internationale.

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Des ambitions non abouties

Pourtant, plusieurs initiatives ambitieuses n’ont jamais abouti, souligne Jeune Afrique. Le projet ERT Technologies, une filiale française spécialisée dans la construction de réseaux de télécommunications, avait été pressenti pour un développement au Maroc. Ce projet n’a jamais été concrétisé. Dans le secteur des médias, Altice avait tenté d’implanter la chaîne israélienne i24 News à travers l’ouverture de deux bureaux à Casablanca et à Rabat. L’inauguration en grande pompe de ces bureaux en 2022, avec la présence de centaines de personnalités marocaines, avait donné l’impression d’un lancement prometteur. Mais ces bureaux sont aujourd’hui tombés dans l’oubli, illustrant les limites des ambitions de Drahi au Maghreb.

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Les défis du marché marocain des centres d’appels

L’évolution du marché marocain des centres d’appels a également joué un rôle dans ce retrait. Le secteur, autrefois florissant, fait face à des pressions croissantes liées aux nouvelles régulations françaises sur la délocalisation des services clients et à une concurrence régionale accrue, notamment au Maghreb et en Afrique subsaharienne. Ces facteurs ont rendu la position d’Intelcia plus fragile, renforçant la logique financière derrière la décision d’Altice de céder ses parts, a-t-on pu lire dans Jeune Afrique.

Un désengagement significatif pour Patrick Drahi

Avec ce désengagement, Patrick Drahi acte officiellement sa sortie du marché marocain, mettant fin à près de dix ans d’un engagement ponctué d’initiatives ambitieuses mais limitées dans leur portée. Intelcia, elle, reste entre les mains de ses fondateurs, Karim Bernoussi et Youssef El Aoufir, qui devront désormais poursuivre le développement de l’entreprise sans l’appui du groupe français.