Marrakech, 18 févr. (Maroc-Actu) –
La Juridiction Spéciale pour la Paix (JEP) de Colombie, le tribunal spécial qui enquête sur le conflit armé, a annoncé vendredi l’ouverture prochaine de trois macro-cas supplémentaires, liés aux crimes des FARC disparus, aux liens des forces de sécurité avec les groupes paramilitaires et aux crimes commis contre les communautés indigènes.
Ces trois macro-cas s’ajoutent aux sept autres déjà ouverts dans le PEC, à savoir : les enlèvements, la situation à Nariño, les « faux positifs », la situation à Uraba, la situation dans le nord du Cauca et le sud du Valle, la victimisation de l’Union patriotique (UP) et le recrutement de mineurs.
Dans deux de ces nouvelles affaires, les crimes et violations commis par la défunte guérilla des FARC, ainsi que ceux commis par les forces de sécurité en collaboration avec des groupes paramilitaires, feront l’objet d’une enquête et d’un procès.
Le président du JEP, le juge Eduardo Cifuentes, a expliqué qu’en ce qui concerne les FARC, les crimes associés aux moyens et méthodes de guerre illégaux feront l’objet d’une enquête, notamment les attaques indiscriminées contre la population, le contrôle social, la violence sexuelle, les homicides, les massacres, les disparitions forcées et les crimes non amnistiables commis par les réseaux urbains de cette guérilla.
Selon les chiffres traités par le JEP, les FARC seraient responsables de 9 763 disparitions forcées entre 1980 et 2016, 36 491 homicides entre 1964 et 2016, 399 massacres entre 1955 et 2013, 52 911 déplacements forcés entre 1980 et 2016 et 3 335 crimes à caractère sexuel.
Cifuentes a également fait savoir que le parti Comunes, le parti qui a émergé après la disparition des FARC dans les accords de paix de La Havane, a déjà déposé un recours pour empêcher l’ouverture de ce macro-cas, rapporte le journal colombien « El Espectador ».
En ce qui concerne les forces de sécurité, l’objectif est de faire la lumière sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité dans les régions d’Antioquia, Magdalena, Cesar, Montes de Maria et Guaviare, commis tant par des fonctionnaires que par des groupes paramilitaires.
« Nous parlons de plus de 43 000 actes criminels commis par les forces de sécurité entre 1985 et 2010, dont 10 368 impliquant des paramilitaires », a déclaré Cifuentes, qui a souligné la période entre 1994 et 2006 comme étant celle où la concentration de crimes est la plus élevée.
« Le déplacement forcé est l’acte criminel dont le volume est le plus élevé dans cette région. Il est suivi par les homicides, les disparitions forcées et les ‘faux positifs' », explique Cifuentes, qui chiffre à 234 le nombre d’agents de la police et de l’armée impliqués dans des crimes et délits sexuels.
Quant au macro-cas lié aux populations indigènes, ce ne sont pas seulement les crimes commis contre ces communautés qui feront l’objet d’une enquête, mais aussi la destruction de leurs écosystèmes et de leurs modes de vie. Selon les premières enquêtes du JEP, plus d’un million de victimes ont été recensées entre 1970 et 2016, bien que 90 % des crimes aient été commis entre 1996 et 2016.
Ainsi, la persécution des dirigeants et des autorités autochtones fera l’objet d’une enquête, notamment dans les régions de Sierra Nevada de Santa Marta, La Guajira, Buenaventura, Valle del Cauca, Amazonas et Orinoquía.
L’ouverture de ces trois nouvelles macro-cases aura lieu lorsque les réunions avec les principaux groupes de victimes seront terminées, probablement d’ici la fin du mois de mars. Pour l’instant, les dossiers ouverts par le PEC ayant le plus d’ancienneté sont ceux liés aux enlèvements par les FARC et les « faux positifs », même si, après quatre ans de mise en œuvre, il n’y a toujours pas de sanctions fermes.