Les États-Unis estiment que le président russe « continue d’inventer des menaces pour justifier ses actions agressives ».
Marrakech, 27 févr. (Maroc-Actu) –
Le président russe Vladimir Poutine a annoncé dimanche qu’il mettait les forces de dissuasion stratégique du pays sous un « régime de service spécial » en réponse aux « commentaires agressifs des dirigeants de l’OTAN ».
Les forces de dissuasion sont spécialisées dans le lancement de missiles balistiques et de croisière à longue portée, et sont responsables du contrôle de routine des armes nucléaires et conventionnelles.
« J’ordonne au ministre de la Défense (Sergueï Shoigu) et au chef d’état-major général (Valeri Gerasimov) de transférer les forces de dissuasion de l’armée russe vers un régime de service de combat spécial », a déclaré le président dans des propos rapportés par RIA Novosti.
Le président russe a ordonné cette alerte après avoir dénoncé les sanctions économiques « illégitimes » imposées samedi par les États-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni et le Canada, qui excluent les banques russes sanctionnées du mécanisme d’échange financier international SWIFT et paralysent les actifs internationaux de la Banque centrale russe.
« Les pays occidentaux ne sont pas seulement hostiles à notre pays dans la sphère économique, et j’entends par là des sanctions illégitimes, mais de hauts responsables des principaux pays de l’OTAN se livrent également à des déclarations agressives contre notre pays », a-t-il déclaré.
Ces forces de dissuasion stratégique sont les mêmes que celles qui ont effectué des exercices au Belarus juste avant l’invasion de l’Ukraine.
Au cours de ces exercices, les forces russes ont lancé le missile balistique intercontinental RS-24 Yars, ainsi que des missiles de croisière depuis des porte-missiles stratégiques à longue portée Tu-95ms, qui ont atteint des cibles à Pemboi et Kura.
En outre, depuis les eaux de la mer de Barents, un sous-marin nucléaire stratégique de la flotte du Nord « Karelia » a également lancé un missile balistique de modèle Sineva.
LES ÉTATS-UNIS DÉNONCENT UNE « POURSUITE DE L’ESCALADE ».
L’une des premières réactions est venue des États-Unis, et plus particulièrement de leur ambassadrice aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, qui a qualifié la déclaration d’alerte d’escalade inacceptable.
La décision de M. Poutine « signifie que le président continue d’intensifier cette guerre d’une manière totalement inacceptable », a-t-elle déclaré. « Nous devons continuer à mettre un terme à ses actions de la manière la plus énergique possible », a-t-il ajouté, cité par CBS.
La Maison Blanche a confirmé cette dénonciation de « l’escalade » de Poutine, « une mesure inutile », selon les déclarations faites à ABC par la porte-parole présidentielle Jen Psaki. « Poutine continue d’inventer des menaces pour justifier ses actions agressives. Il n’a jamais été menacé par l’Ukraine ou l’OTAN, qui est une alliance défensive qui ne se battra pas en Ukraine », a déclaré la source.
Plus tard dans la journée de dimanche, l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a reproché au président russe Vladimir Poutine sa « rhétorique dangereuse ».
Pour Thomas-Greenfield, la décision de Poutine est « inacceptable » et continue d’aggraver le conflit. C’est pourquoi Washington « continue d’envisager de nouvelles mesures, encore plus sévères, contre les Russes ».
Peu après, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, est apparu sur la BBC pour se déclarer « alarmé » par la décision de Poutine, ce qui montre à quel point ce face-à-face avec la Russie au sujet de l’invasion de l’Ukraine est « sérieux ».
Lors de son intervention, M. Stoltenberg s’est limité à parler des « armes de dissuasion » russes et a évité de mentionner toute forme de menace nucléaire.
Le ministre ukrainien des affaires étrangères, Dimitro Kuleba, a déclaré que l’ordre de M. Poutine visait à faire pression sur la délégation ukrainienne dans les négociations. « Comme vous pouvez le constater, l’ordre du président Poutine est intervenu peu de temps après l’annonce de la rencontre des deux délégations, et nous pensons que cette annonce, cet ordre, est destiné à faire monter les enchères et à mettre davantage de pression sur la délégation ukrainienne », a déclaré M. Kuleba depuis Kiev.
« Mais nous allons céder à cette pression. Nous nous rendons à ces pourparlers avec une approche très simple : écouter ce que la Russie a à dire (…). Nous allons leur dire ce que nous pensons de tout cela. Nous sommes prêts à négocier pour mettre fin à la guerre et à l’occupation de nos territoires. Cessation absolue », a-t-il expliqué.
Dans le même temps, l’ambassadeur ukrainien auprès des Nations unies, Sergii Kislitsia, a dénoncé le recours de Poutine au « chantage nucléaire ». « Le monde doit prendre cette menace très au sérieux », a-t-il déclaré.