Accueil Economie L’autoproduction électrique : un levier stratégique sous-exploité

L’autoproduction électrique : un levier stratégique sous-exploité

44
0

Le Maroc vers une autonomie énergétique grâce à l’autoproduction électrique

Alors que le Maroc s’est fixé pour objectif de réduire sa dépendance énergétique et de protéger ses ménages ainsi que ses industries contre la volatilité des prix, l’autoproduction électrique, en particulier via le solaire photovoltaïque, s’impose comme une piste prometteuse. Selon le magazine Finances News Hebdo, cette solution permet aux particuliers, PME et industriels de produire eux-mêmes une partie de l’énergie qu’ils consomment, avec des gains potentiels aussi bien sur le plan économique que sur celui de la compétitivité.

Un cadre réglementaire à consolider

Promulguée en février 2023, la loi 82-21 devait marquer un tournant en instaurant un cadre clair pour la production décentralisée d’électricité. Cependant, plus d’un an et demi après, son application reste incomplète, faute de décrets d’application. Ce retard a conduit le Conseil de la concurrence à alerter sur un paradoxe: le Maroc dispose d’un outil puissant pour réduire ses coûts de production énergétique, mais celui-ci est encore largement sous-exploité.

Lire aussi:  Nouvelle Charte de l'Investissement : Bilan de Karim Zidane

Des décrets d’application pour un potentiel à concrétiser

D’après les estimations du Conseil, le développement de l’autoproduction, combiné à une régulation plus efficace, pourrait faire chuter le coût moyen du kilowattheure de 0,9 à 0,6 dirham. Pour concrétiser ce potentiel, le ministère de la Transition énergétique a annoncé l’imminente publication de quatre décrets d’application relatifs à la loi 82-21. Ces textes visent à préciser les règles techniques et administratives concernant l’installation, le raccordement, le stockage, l’écrêtement et la revente de l’électricité excédentaire.

Des mesures clés pour favoriser l’autoproduction

Ces décrets prévoient notamment l’abaissement du seuil de puissance autorisée pour les industriels, passant de 20 MW à 5 MW. Cette réforme permettrait à un plus grand nombre de PME d’investir dans l’autoproduction. De plus, l’instauration de compteurs intelligents et de certificats d’origine vise à assurer la traçabilité de l’énergie produite.

Des obstacles à surmonter pour un réel essor

Malgré des perspectives positives, plusieurs obstacles freinent encore le décollage du secteur. Selon Saïd Guemra, expert en énergie, la rémunération des excédents injectés au réseau constitue un des principaux défis. D’autres contraintes telles que le coût initial élevé des installations ou les limitations de puissance pour les ménages et les industries entravent l’essor de l’autoproduction.

Lire aussi:  Le Maroc participe à la Foire agricole internationale de Novi Sad en Serbie

Recommandations pour libérer le potentiel de l’autoproduction

Pour débloquer ce potentiel, le Conseil de la concurrence recommande une stratégie ambitieuse en faveur de l’autoproduction domestique et industrielle. Cela passe par une simplification des procédures administratives, un assouplissement des plafonds de revente, un renforcement des capacités de stockage et l’intégration des véhicules électriques comme instruments de flexibilité énergétique.

Un tissu industriel local pour une autonomie énergétique

Selon Anas El Bouyousfi, PDG d’Isolbox, le développement d’un tissu industriel local spécialisé dans le solaire permettrait de réduire la dépendance aux importations, de stabiliser les prix et d’apporter plus de flexibilité au réseau national. L’autoproduction électrique apparaît ainsi comme un levier essentiel pour le Maroc dans sa quête d’autonomie énergétique.