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Libre-échange : l’ambition du Maroc confrontée au déficit commercial

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Le Maroc et ses accords de libre-échange : un bilan contrasté

Le Maroc a multiplié les accords de libre-échange (ALE) afin de stimuler ses exportations et d’attirer les investissements étrangers. Si les chiffres montrent une montée en puissance de certains secteurs comme l’automobile ou l’aéronautique, le déficit commercial reste un point noir, notamment avec des partenaires clés. Dans une interview accordée au magazine Finances News Hebdo, l’économiste Mohammed Saïd Tahiri estime que «la nouvelle feuille de route du commerce extérieur arrive au bon moment pour redonner un souffle aux exportations marocaines». Mais pour qu’elle produise un véritable impact, «il faut miser sur les secteurs où le Maroc est déjà compétitif, créateurs d’emplois, innovants et répondant à une demande réelle sur les marchés ciblés», insiste l’économiste.

Des importations en hausse et des partenariats clés

Les ALE ont élargi les débouchés commerciaux et favorisé l’intégration du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales, mais sans résorber le déficit. En 2022, les importations dans ce cadre ont atteint 207,8 milliards de DH, en hausse de 20,9% par rapport à 2021. L’Union européenne, premier partenaire, représente 66,6% de ces importations. Avec les États-Unis, les importations ont grimpé de 60,8% en un an, atteignant 31,5 MMDH. Même constat avec la Turquie: +20,5% en 2022.

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Des secteurs gagnants et perdants

Pour Mohammed Saïd Tahiri, «on ne peut que défendre la pertinence de ces accords, compte tenu de leur impact positif sur l’économie nationale, mais leur effet sur la compétitivité reste inégal selon les secteurs». Les champions? L’automobile, devenu premier secteur exportateur (plus de 100 MMDH en 2022), l’aéronautique, l’agroalimentaire, le textile à forte valeur ajoutée et les phosphates. Les perdants? Certaines branches traditionnelles du textile, le cuir et le meuble, victimes d’une concurrence internationale agressive.

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Les enjeux des partenariats commerciaux

En 2023, l’UE reste le premier partenaire commercial avec 56 MM d’euros d’échanges. Une concentration qui inquiète. «Cette dépendance, bien que compréhensible, constitue un risque stratégique en cas de crise économique ou de décisions unilatérales», prévient l’économiste, qui plaide pour un renforcement des relations Sud-Sud. Malgré des avancées en Afrique subsaharienne, le volume des échanges avec le continent a reculé de 18,14% entre 2022 et 2023.

Les perspectives d’avenir

La Zone de libre-échange continentale africaine pourrait, selon Mohammed Saïd Tahiri, «rééquilibrer la politique commerciale du Royaume et réduire sa dépendance aux marchés européens». Dans un contexte de recomposition des échanges mondiaux, l’économiste appelle à «une ouverture plus sélective, plus stratégique et plus équitable». Objectif: protéger les filières sensibles, renforcer les clauses de sauvegarde et favoriser la montée en gamme industrielle.