Le gouvernement suspend la campagne de contrôle technique des motos
Le gouvernement a décidé de suspendre la campagne de contrôle technique des motos, à peine quelques jours après son lancement. D’après des sources concordantes citées par le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 22 août, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, est intervenu personnellement, jeudi matin, en appelant le ministre du Transport et de la Logistique, Abdelssamad Kayouh.
Une approche graduelle privilégiée
Au cours de cet échange, il lui a demandé de mettre fin à la campagne de contrôle jugée précipitée et impopulaire. «La consigne donnée est d’adopter une approche graduelle, en accordant une période transitoire de douze mois avant toute application stricte des normes», souligne le quotidien. Cette période sera consacrée à des actions de sensibilisation, notamment sur les dangers liés aux modifications techniques des moteurs, et à un renforcement de la surveillance des importateurs et professionnels afin de garantir le respect des règles.
Une mesure pour la sécurité routière
La campagne avait été initiée par l’Agence nationale de la sécurité routière (NARSA), qui avait introduit une nouvelle procédure de contrôle. Selon cette procédure, les motos devaient être soumises à un test technique déterminant leur conformité. Une vitesse maximale ne dépassant pas 57 km/h était considérée comme acceptable, tandis qu’un dépassement de ce seuil classait automatiquement la moto dans la catégorie des véhicules non conformes, exposant le propriétaire à des sanctions et même à la saisie.
Contestation sociale et critiques juridiques
Pour les autorités, cette mesure s’inscrivait dans une stratégie nationale de sécurité routière. Le constat est en effet préoccupant: les motos représentent une part importante des accidents de la circulation, et les engins trafiqués, dont la puissance est volontairement augmentée, constituent une menace pour leurs conducteurs mais aussi pour les piétons.
«Malgré ses intentions, la campagne a provoqué un tollé, révélant deux fragilités principales», note Al Ahdath Al Maghribia. D’une part, la contestation sociale. Les réseaux sociaux se sont rapidement embrasés, donnant la parole à des milliers de conducteurs qui estimaient que cette mesure frappait injustement les classes modestes. Pour une large frange de la population, la moto n’est pas un objet de confort ni de loisir, mais un outil de mobilité indispensable et parfois même le seul moyen de gagner sa vie. Le sentiment que le gouvernement imposait des normes jugées irréalistes et punitives, a nourri une colère diffuse. D’autre part, les critiques juridiques. Plusieurs juristes ont relevé que la nouvelle procédure ne reposait ni sur un décret ni sur une loi, mais uniquement sur une circulaire interne de la NARSA. De quoi fragiliser la légitimité de la campagne. En l’absence d’une base légale solide, la mesure apparaissait non seulement contestée socialement, mais aussi juridiquement vulnérable.
Un dilemme à résoudre
En suspendant l’opération, le gouvernement cherche à calmer les tensions, tout en évitant de donner l’impression d’abandonner l’objectif de sécurité routière. La période transitoire d’un an doit servir à construire un consensus plus large autour de la question et à explorer une approche plus équilibrée. Car, derrière cette controverse, se dessine un dilemme central: comment réduire la mortalité routière, où les deux-roues tiennent une place disproportionnée, tout en tenant compte des contraintes économiques et sociales des citoyens qui dépendent de ces véhicules?