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Transferts des MRE : Accord clé entre le Maroc et la France face à une directive européenne menaçante

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La mobilisation des autorités marocaines pour garantir les transferts des MRE

La mobilisation des autorités marocaines pour faire face à une directive européenne qui risquait de bloquer les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) commence, enfin, à porter ses fruits. Le Maroc a, en effet, trouvé un accord avec la France, et plus précisément le Trésor français, au sujet de cette question qui a suscité de grandes inquiétudes au Maroc, a révélé Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib (BAM), à l’issue de la deuxième réunion trimestrielle du conseil de BAM au titre de l’année 2025, tenue le mardi 24 juin.

«Je suis maintenant plus rassuré. Le Trésor français a bien compris le problème et les difficultés que posait cette directive européenne pour le Maroc. Il nous a demandé des informations complémentaires que nous lui avons fournies. Nous avons senti une bonne compréhension et une prise en compte de sa part de l’intérêt et de l’importance de l’activité relais des banques marocaines pour les MRE et la balance des paiements du Maroc. Ce qui s’est traduit par un bon assouplissement de la position française à ce sujet», lance-t-il avec un soulagement manifeste.

Cet accord sera finalisé lors d’une réunion en juillet prochain entre la partie marocaine et le Trésor français et sera ensuite soumis à la validation de la Commission européenne, ajoute-t-il.

Une fois cette étape décisive franchie, les autorités marocaines s’attaqueront à d’autres pays européens où la présence des MRE est importante, à savoir notamment l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Belgique, poursuit le patron de BAM qui espère assister au règlement définitif de ce problème en 2026.

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D’ailleurs, fait-il remarquer, c’est pour cela que, selon les projections de BAM, les transferts des MRE poursuivraient le recul observé ces derniers mois pour terminer l’année en cours en baisse, avant de s’orienter de nouveau à la hausse pour terminer l’année 2026 à près de 121 milliards.

Le bout du tunnel

Le Maroc voit ainsi, enfin, le bout du tunnel et s’apprête à régler le problème que posait cette législation européenne qui a été évoquée pour la première fois par Jouahri en septembre 2024, lors de la conférence de presse qui a fait suite à une réunion du conseil de la banque centrale.

Cette directive, élaborée par la Direction générale de la stabilité financière, des services financiers et de l’union des marchés des capitaux (FISMA), relevant de la Commission européenne, a été adoptée par le Parlement européen et publiée dans le journal officiel du 19 juin 2024, et devrait entrer en vigueur le premier janvier 2026.

Toutefois, son objet étant la présence de toutes les banques étrangères à l’UE, elle touche directement les banques marocaines, qui disposent de filiales ou de succursales dans 7 pays européens, ainsi que de dizaines de bureaux de représentation en Europe.

Ces différentes entités opèrent dans l’intermédiation bancaire et proposent à leurs clients, notamment les MRE, divers services bancaires, comme l’ouverture et la gestion de comptes et le transfert d’argent. En principe, cette activité devrait être formellement interdite dès l’application de la nouvelle législation.

Transformer l’essai avec les autres partenaires européens

Une «task force permanente» a été ainsi constituée avec la participation de BAM, des banques concernées, du ministère des Affaires étrangères et de celui de l’Économie et des Finances. Elle a lancé des négociations avec les différentes parties prenantes dans l’UE. Il s’agit notamment de la Commission européenne et de sa direction FISMA, mais également des autorités de pays européens, principalement la France, l’Espagne, l’Italie, la Belgique et les Pays-Bas.

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Cette équipe a également pris contact avec les banques centrales des pays européens pour demander des explications sur les interprétations nationales qu’aura cette directive communautaire. «Cette directive sera transposée par les États membres en droit national. Elle peut être interprétée différemment d’un pays à l’autre», avait fait remarquer le wali de BAM.

Se rendant compte que ces négociations n’ont pas réalisé de progrès souhaités, les autorités marocaines ont adopté une nouvelle tactique dans leurs discussions avec la partie européenne.

Cette nouvelle méthodologie d’approche consistait à commencer par la France qui est le pays de présence des MRE le plus important (l’Hexagone étant la première provenance des transferts des MRE avec une part de plus de 30,8%, selon les données de l’Office des changes) et de capitaliser sur une percée qui y aurait été réalisée pour aborder d’autres pays. Cette tactique a payé, vu l’accord trouvé avec le Trésor français.

Avec l’accord trouvé avec la France, le Maroc franchit une étape décisive dans la défense des intérêts de sa diaspora et de sa stabilité macroéconomique. Reste désormais à transformer l’essai avec les autres partenaires européens pour éviter qu’une législation pensée pour le Brexit ne pénalise injustement les relations historiques entre le Royaume et ses ressortissants à l’étranger.