Le Maroc face à l’inflation: entre chiffres officiels et ressenti des ménages
Le Maroc affiche aujourd’hui une inflation modérée selon les chiffres officiels, mais le ressenti des ménages raconte une autre histoire. Le constat est du quotidien L’Economiste, qui en fait état dans son édition du vendredi 22 août. Entre baisses ponctuelles et hausses persistantes sur les produits essentiels, le coût de la vie continue de peser sur le quotidien, nourrissant les débats sur le pouvoir d’achat et l’efficacité des politiques publiques.
Une inflation modérée selon les chiffres officiels
Selon le Haut-commissariat au plan (HCP), l’indice des prix à la consommation (IPC) a reculé de 0,1% en juillet 2025 par rapport au mois précédent. Sur un an, l’inflation ne dépasse pas 0,5%, un niveau jugé très modéré et largement inférieur au seuil de 2% fixé par Bank Al-Maghrib comme ancrage de stabilité des prix.
Des disparités dans l’évolution des prix des produits essentiels
Cette détente est principalement portée par les prix alimentaires, qui ont reculé de 0,5%, lit-on. Les légumes enregistrent un repli marqué (-4,7%), complété par les baisses des fruits (-0,9%) et des huiles (-0,5%). Mais ces diminutions ponctuelles ne compensent pas la hausse d’autres produits incontournables pour les ménages: lait, fromage et œufs (+2,7%), café et thé (+0,6%), ou encore poissons (+0,4%).
Des tensions persistantes sur certains postes de dépenses
«Hors alimentation, l’inflation globale reste faible (+0,2%)», note L’Economiste. Mais certaines catégories révèlent des tensions plus fortes. Les carburants ont bondi de 3,5%, entraînant une hausse de 1% du transport. Cette augmentation de l’énergie se répercute sur les coûts de production et de logistique, pesant indirectement sur les prix finaux. Les services continuent également leur progression. Restaurants et hôtels affichent +0,3%, confirmant une tendance haussière amorcée depuis le début de l’année. Pour les ménages, ces dépenses restent incompressibles et renforcent la perception d’un coût de la vie élevé.
Des disparités régionales à prendre en compte
Si l’inflation annuelle reste contenue à +0,5%, elle masque des écarts importants selon les secteurs. Les transports reculent de 2,9%, tandis que d’autres postes connaissent des hausses notables: restaurants et hôtels (+3,4%), enseignement (+2,3%) et logement/énergie (+0,6%). Les disparités se manifestent aussi selon les régions, influençant le ressenti de l’inflation.
Les perspectives économiques pour le Maroc
L’inflation restant inférieure au plafond de 2%, Bank Al-Maghrib a maintenu une politique monétaire accommodante. Dans ce contexte, l’économie marocaine pourrait bénéficier d’un climat favorable à la croissance, estimée à 3,2% en 2024. Cette croissance devrait progresser pour atteindre 3,9% en 2025 puis 4,2% en 2026, grâce à l’investissement dans les infrastructures et une production agricole en amélioration.
Des risques potentiels à surveiller
Cependant, cette trajectoire reste exposée à plusieurs risques, tels que les variations des prix mondiaux des matières premières, les tensions géopolitiques perturbant les chaînes d’approvisionnement et les aléas climatiques, qui pourraient inverser la tendance et peser sur les prix à la consommation.