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Maroc Vert : les lacunes structurelles d’un plan accentuant les disparités

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Le Plan Maroc Vert : entre louanges et critiques

Depuis son lancement en 2008, le Plan Maroc Vert (PMV) n’a cessé d’alimenter débats et controverses. Conçu comme une stratégie de modernisation de l’agriculture marocaine, ce programme a suscité autant d’éloges que de vives critiques, au point de pousser le Parlement à mettre en place une commission d’évaluation dont les travaux sont encore en cours, indique Les Inspirations Eco dans son édition du 9 septembre.

Des critiques pointant du doigt l’inefficacité du PMV

Ses détracteurs dénoncent avant tout son inefficacité face aux sécheresses récurrentes qui frappent le Royaume, accentuant la vulnérabilité de la sécurité alimentaire nationale. D’autres pointent des choix stratégiques jugés déséquilibrés, privilégiant les grandes exploitations et l’export au détriment de l’agriculture vivrière.

Un bilan positif selon les responsables gouvernementaux

Malgré ces critiques, les responsables gouvernementaux continuent de dresser un tableau positif. «Le Plan Maroc Vert a profondément transformé l’agriculture marocaine», a affirmé Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, lors du 19ᵉ Forum africain sur les systèmes alimentaires, tenu récemment au Sénégal.

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Des résultats contestés par les experts

Pourtant, derrière ce discours, de nombreux experts nuancent la portée réelle de ces résultats. «Les aides publiques ont surtout profité aux grandes exploitations tournées vers l’export, laissant en marge l’agriculture familiale vivrière», observe Mohamed Tahar Sraïri, agronome à l’IAV Hassan II, cité par Les Inspirations Eco.

Les limites du PMV mises en lumière

Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a d’ailleurs signalé une dégradation continue de l’emploi agricole ces dernières années. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a, lui, mis en évidence la faible intégration des petites et moyennes exploitations dans la dynamique du développement rural.

Une dépendance aux importations préoccupante

Ce constat est d’autant plus préoccupant que l’approvisionnement national en produits vivriers de base tels que le blé tendre ou le sucre raffiné dépend fortement des importations, avec un coût budgétaire colossal et un impact sanitaire croissant. L’épuisement des nappes phréatiques, la baisse de fertilité des sols et la disparition de milliers d’emplois agricoles illustrent également les limites du modèle.

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Un besoin d’évaluation chiffrée et d’ajustements

Également cité par Les Inspirations Eco, Mohamed Bajeddi, agroéconomiste, estime pour sa part que «le discours officiel relève davantage de la communication que d’une véritable évaluation chiffrée». Selon lui, le PMV n’a pas suffisamment intégré la contrainte climatique ni la nécessité d’une gestion durable de l’eau.

Conclusion

En parallèle, la flambée des prix agricoles sur le marché intérieur érode le pouvoir d’achat des ménages, nourrissant les craintes d’une insécurité alimentaire durable. Malgré le potentiel du secteur, le Maroc peine encore à satisfaire les besoins essentiels de sa population, dépendant toujours de l’étranger pour ses semences et une partie de ses produits de base.