Bamako compare les deux médias à la Radio Télévision Libre des Mille Collines, considérée comme la voix du génocide rwandais.
Marrakech, 17 Mar. (Maroc-Actu) –
Les autorités de transition du Mali ont annoncé jeudi la suspension des émissions de France24 et de Radio France Internationale dans le pays, suite à la publication d’informations sur l’implication présumée de militaires dans des violations des droits de l’homme dans ce pays africain.
Le porte-parole du gouvernement, Abdoulaye Maiga, a exprimé la « profonde préoccupation » de Bamako face aux « fausses accusations » d’abus de l’armée contre des civils et a souligné une « synchronisation » des allégations pour affecter l’image des autorités.
Selon lui, le fait que le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, ait fait une déclaration le 8 mars et que Human Rights Watch (HRW) et Radio France Internationale aient publié des rapports et des comptes rendus entre le 14 et le 15 mars fait partie d' »une stratégie préméditée ».
« Ces accusations, notamment celles publiées par Radio France Internationale, n’ont d’autre but que de semer la haine et de donner une teinte ethnique à l’insécurité au Mali, ce qui révèle une intention criminelle de la part de journalistes, dont certains ne se sont pas rendus au Mali depuis plus d’un an », a-t-il souligné.
Il a donc souligné que « le gouvernement malien rejette catégoriquement ces accusations mensongères » et « a engagé une procédure, conformément aux lois et règlements en vigueur, pour suspendre jusqu’à nouvel ordre la diffusion de Radio France Internationale en ondes courtes et de France 24, ainsi que de toutes ses plateformes numériques sur le territoire national ».
Dans ce sens, elle a demandé aux médias maliens de ne pas publier les articles de ces médias et a accusé ces deux médias français de « ressembler dans un passé récent aux pratiques et au rôle infâme de la Radio Télévision Libre des Mille Collines », considérée comme la voix du génocide rwandais.
Enfin, M. Maiga a exprimé son « soutien total » à l’armée et a déclaré que les militaires « respectent les droits de l’homme et agissent de manière professionnelle dans la lutte contre le terrorisme », avant d’ajouter que toutes les plaintes relatives à des violations présumées des droits de l’homme font l’objet d’une enquête en bonne et due forme.
Le Mali est dirigé par une junte militaire depuis le coup d’État d’août 2020 qui a renversé le président de l’époque, Ibrahim Boubacar Keita. Le chef du coup d’État, Assimi Goita, a organisé un second coup d’État en mai 2021 contre les autorités de transition et est devenu président, après quoi les élections prévues pour février 2022 ont été reportées.
En réponse, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a annoncé des sanctions sévères, tandis que les tensions croissantes avec la France et d’autres pays occidentaux au sujet du déploiement présumé de mercenaires russes ont conduit Paris et ses alliés à annoncer le retrait des troupes impliquées dans la lutte contre le djihadisme dans le pays.