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Effondrement des ressources halieutiques : la conserverie de poissons en péril

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L’alarme de l’UNICOP: la filière de la conserve de poisson au Maroc en péril

L’Union Nationale des Industries de la Conserve de Poisson (UNICOP) a lancé un cri d’alerte à l’issue de son Assemblée Générale, mettant en lumière une crise profonde qui menace gravement la filière de la conserve au Maroc. Cette alerte, indique le magazine Challenge, repose sur trois enjeux majeurs : l’effondrement des ressources halieutiques, les conséquences sociales importantes et le risque accru de désindustrialisation.

La production halieutique marocaine repose essentiellement sur les petits pélagiques, principalement la sardine, qui représente environ 85% des captures. Or, les statistiques de l’Office National des Pêches (ONP) révèlent une chute dramatique des débarquements de sardines, passant de 965 000 tonnes en 2022 à seulement 525 000 tonnes en 2024, soit une baisse de près de 46% en l’espace de deux ans. Cette dégradation met en péril l’ensemble de la chaîne de valeur liée à cette ressource essentielle, lit-on.

Face à cette situation critique, l’UNICOP soutient pleinement les mesures avancées par la Secrétaire d’État chargée de la Pêche, notamment l’interdiction stricte de la capture des juvéniles et la lutte renforcée contre la pêche illégale. L’organisation appelle également à un durcissement des contrôles dans les ports et à une adaptation scientifique rigoureuse des périodes de repos biologique, indispensables à la préservation durable de la biomasse marine.

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Le secteur de la conserverie de poisson, qui constitue un pilier important de l’emploi au Maroc avec plus de 35 000 emplois directs et 120 000 emplois indirects, subit de plein fouet cette crise, écrit Challenge. La baisse drastique des volumes de sardines a réduit de moitié l’activité des usines, entraînant des pertes significatives d’heures de travail, des suspensions temporaires d’activité, et faisant peser la menace de fermetures d’usines. Ce recul menace gravement l’équilibre socio-économique des villes côtières qui dépendent étroitement de cette industrie.

Dans ce contexte alarmant, l’UNICOP réclame des mesures urgentes pour soutenir les bassins d’emplois et limiter la dégradation des conditions sociales dans ces territoires. En tant que premier exportateur mondial de conserves de sardines, le Maroc voit ses positions s’éroder sur plusieurs marchés, notamment en Afrique, où les exportations ont chuté de 30% en 2024.

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La raréfaction des ressources, conjuguée à la hausse des coûts de production, réduit considérablement les marges des industriels, laissant la concurrence asiatique s’imposer peu à peu. Face à ces défis, l’UNICOP appelle à un sursaut stratégique national en proposant plusieurs mesures fortes: encadrer strictement l’usage industriel de la sardine, notamment en interdisant l’exportation des volumes destinés à la conserve, en prohibant l’utilisation de la sardine entière pour la farine de poisson, et en limitant les exportations de poisson congelé. Par ailleurs, il est indispensable de protéger l’emploi industriel en garantissant un meilleur accès à la matière première pour la conserve, après approvisionnement du marché frais, et en instaurant des mécanismes de soutien à l’activité.

L’organisation recommande aussi de rééquilibrer le secteur productif en imposant un moratoire sur la création de nouvelles capacités de transformation de sardines, toutes filières confondues, jusqu’à ce que la ressource se rétablisse.