A l’occasion de la sortie de son premier long métrage « Gangs » et de sa projection dans les salles nationales, le jeune réalisateur marocain Kamal Lazraq, dans un entretien à la MAP, met en lumière sa vision du cinéma, ses sources d’inspiration et son point de vue sur les opportunités et les changements qui ont caractérisé la scène cinématographique marocaine ces dernières années.
Son film « Gangs » a été primé dans plusieurs festivals nationaux et internationaux, dont le 20e Festival International du Film de Marrakech, où il a remporté le Prix du Jury, ou encore le 8e Festival International du Film de Bruxelles (Grand Prix), ou encore le Festival de Cannes 2023 (Jury Prix dans la catégorie « What a Look »).
« Gangs » (94 minutes) raconte l’histoire d’Issam (Abdel Latif Al-Masturi) et de son fils Hassan (Ayoub Al-Abd), qui gagnaient leur vie quotidiennement dans une banlieue populaire de Casablanca, grâce à de petits actes criminels. pour le chef d’un gang.
-1 Le film « Gangs » est actuellement à l’affiche dans plusieurs cinémas au Maroc. Quelle est votre principale source d’inspiration pour ce film ?
Ce film représente, dans une certaine mesure, la continuité de mes précédents courts métrages, notamment « Mall Kalb », que j’ai réalisé en 2014, et dont l’histoire et les événements se déroulent lors d’une des nuits casablancaises.
Pour ce premier long métrage, j’ai décidé de travailler aux côtés d’acteurs non professionnels mais talentueux. La sélection des comédiens a été l’occasion de rencontrer des dizaines de candidats issus de différents quartiers populaires de la ville de Casablanca et de découvrir leurs histoires, leur quotidien et les défis auxquels ils sont confrontés.
Ce qui apparaît souvent dans leurs récits, c’est que parfois, en essayant de gagner leur vie, ils peuvent tomber dans une spirale profonde qui les détruit complètement. J’avais donc envie d’écrire une histoire dans ce sens.
L’autre source d’inspiration fut bien sûr Casablanca. Venant de cette ville, je n’ai pas eu besoin d’explorer de nombreux lieux pour le film, car j’ai écrit l’histoire en pensant aux lieux que je connaissais, ainsi qu’à certaines atmosphères et lumières spécifiques de la ville.
-2 Qu’est-ce qui distingue ce film des autres productions cinématographiques marocaines modernes, et quel est le message que vous souhaitez transmettre au public à travers cette œuvre ?
« Gangs » est un film noir qui n’est pas dénué de touches de rêve et de sarcasme, et j’ai aussi essayé de donner à cette œuvre le plus d’authenticité possible.
Le film se déroule dans un monde fermé dont il semble impossible de sortir, où les relations humaines sont parfois violentes. Mais j’ai structuré l’histoire pour qu’elle ne soit pas dénuée d’espoir.
Le film raconte l’histoire d’un père et de son fils qui vivent une nuit terrible à Casablanca. Mais cela leur permet de réaliser à quel point ils sont connectés les uns aux autres. Nous trouvons également des personnes bloquées qui se battent entre elles pour survivre, mais se rendent compte que dans la même situation désespérée, elles peuvent faire preuve d’entraide et de solidarité.
-3 Quelles opportunités et changements avez-vous remarqués dans la scène cinématographique marocaine qui ont abouti à une plus grande présence des films marocains dans les festivals nationaux et internationaux ?
L’émergence d’une nouvelle génération de réalisateurs qui présentent différents types de films et n’hésitent pas à explorer de nouveaux styles, notamment le cinéma de genre, a grandement contribué à une plus grande présence des films marocains dans les grands cinémas et festivals nationaux et internationaux.
Le programme « Ateliers Atlas », programme de développement des talents lancé par le Festival international du film de Marrakech en 2018, met également en lumière le cinéma marocain, en soutenant des projets cinématographiques en phase de développement.
Ces dernières années, les productions marocaines suscitent une sorte de curiosité auprès de différents partenaires nationaux et internationaux, ainsi que du grand public.
-4 Que représente pour vous le cinéma ?
En tant que réalisateur, le cinéma permet d’être dans un état de suspens constant, c’est un art qui permet de ressentir les sensations de voyager à travers des pays et des cultures divers.
Le septième art n’est puissant que lorsque tout se transmet par un regard, un silence ou un geste. Chaque expérience ou rencontre peut devenir une source d’inspiration.
L’actrice américaine Glenn Close déclare : « Le cinéma n’est rien d’autre que la capacité de lire l’âme de quelqu’un simplement en le regardant dans les yeux. »
Marrakech, 2024-02-13 18:12:13 (Maroc-Actu) –