Marrakech, 15 mars. (Maroc-Actu) –
Les scientifiques ont documenté pour la première fois comment la fonte du permafrost, immergé au bord de l’océan Arctique, affecte les fonds marins.
De nombreuses études évaluées par des pairs montrent que le dégel du pergélisol crée un sol instable qui nuit aux infrastructures importantes de l’Arctique, telles que les routes, les chemins de fer, les bâtiments et les aéroports. Ces infrastructures sont coûteuses à réparer, et les impacts et les coûts devraient continuer à augmenter.
Grâce à une technologie avancée de cartographie sous-marine, les chercheurs du MBARI (Monterey Bay Aquarium Research Institute) et leurs collaborateurs ont découvert que… des changements radicaux se produisent sur les fonds marins en raison du dégel du permafrost. Dans certaines régions gouffres profondscertains plus grands qu’un bloc de bâtiments de six étages. Dans d’autres régions, des collines remplies de glace, appelées pingos, ont surgi du fond de la mer. Ces constatations sont faites dans Actes de l’Académie nationale des sciences.
« Nous savons que de grands changements se produisent dans le paysage arctique, mais c’est la première fois que nous sommes en mesure d’utiliser la technologie pour voir que ces changements se produisent également en haute mer », explique-t-il. dans une déclaration Charlie Paull, géologue au MBARI et l’un des principaux auteurs de l’étude, a déclaré. Cette recherche révolutionnaire a révélé comment le dégel du pergélisol sous-marin peut être détecté et, une fois les lignes de base établies, suivi.
Alors que la dégradation du pergélisol terrestre de l’Arctique est attribuée en partie à l’augmentation de la température annuelle moyenne résultant du changement climatique induit par l’homme, les changements que l’équipe de recherche a documentés dans le plancher océanique associés au pergélisol sous-marin proviennent de changements climatiques beaucoup plus anciens et plus lents liés à notre sortie de la dernière période glaciaire. Des changements similaires semblent se produire le long de la bordure maritime de l’ancien permafrost depuis des milliers d’années.
« Il n’existe pas beaucoup de données à long terme sur la température du plancher océanique dans cette région, mais ce dont nous disposons ne montre pas de tendance au réchauffement. Les modifications du relief du plancher océanique sont dues à la chaleur transportée par les systèmes d’eau souterraine à faible débit », explique M. Paull.
« Cette recherche a été rendue possible par une collaboration internationale au cours de la dernière décennie, ce qui a facilité l’accès aux plateformes modernes de recherche marinecomme la technologie robotique autonome du MBARI et les brise-glace exploités par la Garde côtière canadienne et l’Institut coréen de recherche polaire », note Scott Dallimore, chercheur scientifique à la Commission géologique du Canada, Ressources naturelles Canada, qui a dirigé l’étude avec Paull.
Il note que « le gouvernement du Canada et le peuple inuvialuit vivant le long de la côte de la mer de Beaufort apprécient grandement cette recherche, car les processus complexes décrits ont des implications pour l’évaluation des géorisques, la création d’un habitat marin unique et notre compréhension des processus biogéochimiques ».
La mer de Beaufort canadienne, une région reculée de l’Arctique, n’est devenue que récemment accessible aux scientifiques, le changement climatique entraînant le retrait de la glace de mer.
Depuis 2003, le MBARI fait partie d’une collaboration internationale visant à étudier le plancher océanique de la mer de Beaufort canadienne avec la Commission géologique du Canada, le ministère canadien des Pêches et des Océans et, depuis 2013, avec le Korea Polar Research Institute.
Le MBARI a utilisé des véhicules sous-marins autonomes (AUV) et un sonar embarqué pour cartographier la bathymétrie du fond marin à une résolution d’un mètre carré de grille, c’est-à-dire, à peu près de la taille d’une table.
Paull et son équipe de chercheurs retourneront dans l’Arctique cet été à bord du R/V Araon, un brise-glace coréen. Ce voyage avec les collaborateurs canadiens et coréens du MBARI – auxquels s’ajoute le Laboratoire de recherche navale des États-Unis – les conduira dans l’Arctique. aidera à affiner notre compréhension de la décomposition du permafrost sous-marin.
Deux des AUV du MBARI cartographieront le fond marin dans les moindres détails et le MiniROV du MBARI – un véhicule portable télécommandé – permettra de poursuivre l’exploration et l’échantillonnage pour compléter les études de cartographie.