L’Algérie soutient le Front Polisario et est le principal fournisseur de gaz de l’Espagne.
Marrakech, 19 mars. (Maroc-Actu) –
Des sources diplomatiques algériennes ont critiqué la décision du gouvernement espagnol de soutenir le plan d’autonomie marocain comme solution au conflit du Sahara occidental, un changement de position qu’elles considèrent comme la « deuxième trahison historique » de Madrid envers le peuple sahraoui.
« C’est la deuxième trahison historique du peuple sahraoui par Madrid après le désastreux accord de 1975 », a déclaré la source citée par le portail d’information algérien TSA. « Le Maroc a finalement obtenu ce qu’il voulait de l’Espagne », a déclaré le diplomate algérien.
Ce serait la deuxième « trahison » due à l’accord signé le 14 novembre 1975 cédant l’ancienne colonie du Sahara espagnol au Maroc et à la Mauritanie, sans tenir compte de la volonté de la population sahraouie.
Cet accord de Madrid est immédiatement dénoncé par le Front Polisario, qui s’érige en représentant du peuple sahraoui et proclame aussitôt l’indépendance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
Les milices du Front Polisario ont vaincu les forces mauritaniennes et Nouakchott a cédé la partie du Sahara occidental qui lui avait été attribuée dans l’accord de Madrid, mais le Maroc, avec la Marche verte, a réussi à imposer son contrôle sur la partie côtière du territoire.
En 1991, le Maroc et le Front Polisario ont signé un cessez-le-feu en vue de la tenue d’un référendum d’autodétermination, mais des divergences sur le recensement et l’inclusion ou non des colons marocains ont jusqu’à présent empêché sa tenue, soutenue par l’ONU dans le cadre de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO).
RELATIONS ESPAGNE-ALGERIE
Quant à la relation strictement bilatérale entre l’Algérie et l’Espagne, Alger est le principal fournisseur de gaz naturel de la péninsule ibérique à un moment délicat de la situation énergétique actuelle. Alger a rompu ses relations diplomatiques avec Rabat en août dernier et a fermé en novembre le gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui acheminait le gaz vers la péninsule ibérique via le Maroc.
Le président du gouvernement, Pedro Sánchez, s’est entretenu le 6 mars avec le président algérien, Abdelmayid Tebune, qui a réitéré non seulement l’engagement de son pays à garantir l’approvisionnement de l’Espagne, mais aussi la volonté de l’Algérie d’aider au maximum les Européens, en tant que partenaire énergétique fiable qu’elle souhaite être, selon des sources gouvernementales.
Le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, n’a pas voulu préciser vendredi si l’Algérie avait été informée au préalable du changement de position du gouvernement, affirmant que « la diplomatie exige la discrétion », mais il s’est dit convaincu que cela n’affecterait pas les livraisons de gaz du pays à l’Espagne. « L’Algérie a démontré à plusieurs reprises qu’elle est un partenaire fiable », a-t-il déclaré, assurant qu’il entretient une relation « fluide » avec son homologue algérien.
Toutefois, il s’agit du deuxième « grief » du gouvernement à l’encontre de l’Algérie en un peu plus d’un mois, après qu’il ait annoncé début février qu’il avait accepté la demande du Maroc de l’aider à garantir sa sécurité énergétique en regazéifiant en Espagne le gaz naturel liquéfié (GNL) acheté par Rabat pour l’expédier ensuite dans le pays via le gazoduc GME.
À l’époque, Alger avait déjà prévenu que l’Espagne ne pourrait en aucun cas envoyer du gaz algérien au Maroc. Il reste à voir comment le gouvernement algérien réagit à ce revirement, salué par le Maroc et qui met derrière lui la crise diplomatique qui a déclenché l’accueil du leader du Front Polisario Brahim Ghali en Espagne il y a près d’un an pour des raisons humanitaires.