Les industriels marocains se préparent au Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières
À moins d’un an de l’entrée en vigueur du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), les industriels marocains s’activent, face à un défi de taille.
Verdir la production pour éviter les pénalités à l’export
Objectif: verdir leur production, pour éviter les lourdes pénalités à l’export.
La prise de conscience des enjeux climatiques dans l’industrie marocaine
Dans un entretien accordé au magazine Challenge, Loïc Jaegert-Huber, directeur régional d’ENGIE Afrique du Nord et président de la Commission énergies propres de l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX), livre son analyse sur les enjeux de cette transformation.
Si la conscience des enjeux climatiques est bien présente dans les milieux industriels marocains, la mise en œuvre reste très contrastée: «la prise de conscience est réelle, mais le niveau de préparation reste hétérogène», constate Loïc Jaegert-Huber.
Les défis à relever pour les industriels marocains
Parmi les principaux obstacles, l’accès aux données d’émissions, le coût initial des investissements bas carbone, et le manque de ressources internes, formées aux enjeux de la décarbonation.
L’importance de la transition bas carbone pour l’accès aux marchés européens
Pour les industriels, l’équation est désormais claire. Sans réduction de leur empreinte carbone, c’est l’accès aux marchés européens qui est en jeu. «L’enjeu n’est plus seulement environnemental, il devient commercial», souligne Loïc Jaegert-Huber.
Les secteurs concernés par le MACF et les actions à entreprendre
Si les secteurs directement concernés par le MACF –comme les engrais ou le ciment– ont commencé leur mue, d’autres sont encore en retrait.
Pour se conformer aux nouvelles règles européennes, les entreprises marocaines doivent passer à l’action: «mesurer leurs émissions, identifier les leviers de réduction à court terme comme l’efficacité énergétique ou le sourcing local, et intégrer la transition bas carbone dans leur stratégie export», recommande-t-il.
Les solutions existantes pour accompagner la transition bas carbone
Des dispositifs d’accompagnement existent déjà, portés notamment par l’ASMEX, l’AMDIE ou des bailleurs internationaux.
Mais cet expert appelle à aller plus loin: «il faut renforcer les synergies public-privé, accélérer la labellisation bas-carbone et développer un accompagnement technique et financier ciblé», explique-t-il.
La taxe carbone comme opportunité pour les entreprises marocaines
En effet, pour Loïc Jaegert-Huber, la taxe carbone n’est pas qu’une contrainte, et pourrait même devenir une opportunité pour les entreprises les plus agiles.
«Les entreprises qui investiront aujourd’hui dans des technologies propres seront demain plus compétitives, plus résilientes, et mieux valorisées par leurs clients internationaux», a-t-il affirmé sans ambages.
Le Maroc en position favorable pour devenir une plateforme industrielle bas-carbone de référence
Le Royaume du Maroc, avec son mix énergétique de plus en plus vert, peut donc capitaliser sur cet avantage: «il peut devenir une plateforme industrielle bas-carbone de référence entre l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient».
Les secteurs à impact du MACF et les actions à mettre en place
Fer, acier, aluminium, ciment, engrais, électricité, hydrogène… Ce sont les secteurs qui seront touchés dès la première phase du MACF.
Mais, d’autres suivront rapidement: «les secteurs les plus vulnérables sont ceux fortement émetteurs, faiblement capitalisés ou très exposés à l’export, tels que les engrais, le ciment, le textile et l’agro-industrie», a d’ailleurs averti cet expert.
Des solutions existent pour une transition réussie
Fort heureusement, des solutions existent: audits carbone, recours aux énergies renouvelables, contrats d’achat d’énergie verte (PPA), logistique décarbonée… Mais, encore faudrait-il les mettre en œuvre, rapidement.