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Les distributeurs d’hydrocarbures s’opposent au Conseil de la concurrence

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Les prix à la pompe au Maroc : pourquoi la stabilité persiste malgré les fluctuations internationales

Alors que les automobilistes s’attendaient à une baisse significative des prix à la pompe au début août, aucun changement notable ne se profile. Les prix stagnent, malgré une relative accalmie sur les marchés internationaux, indique le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du 1er août. Le baril de Brent s’est échangé autour de 68,44 dollars à la clôture du 26 juillet, son plus bas depuis début juillet. Mais cette stabilité mondiale ne se reflète pas dans les stations-service marocaines.

Le dernier rapport trimestriel du Conseil de la concurrence sur le marché des hydrocarbures a ravivé les tensions, lit-on. Les distributeurs dénoncent des conclusions jugées «décevantes et hors de propos». Selon eux, le Conseil empiète sur des prérogatives qui dépassent son mandat légal en sollicitant des données relevant de la douane, de l’Office des changes ou du ministère de la Transition énergétique.

Plus encore, les distributeurs pointent le refus du Conseil de nommer explicitement les neuf entreprises reconnues coupables d’atteinte à la concurrence l’an dernier. À leurs yeux, ce flou sape la crédibilité du secteur et entretient une suspicion généralisée.

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Mais derrière la bataille de chiffres se cache un contentieux plus profond, écrit Les Inspirations Eco: la libéralisation du marché décidée en 2015, sans filet de sécurité sociale ni mécanisme efficace de régulation.

Pour les professionnels, cette réforme est à l’origine de la persistance d’un écart entre les fluctuations internationales et les prix à la pompe au Maroc. Entre 2014 et 2020, alors que le baril s’est effondré de moitié, les marges bénéficiaires des distributeurs ont doublé, selon les résultats financiers de certaines sociétés cotées.

Une anomalie que le Conseil nuance, son président Ahmed Rahhou estimant que «les marges restent dans une proportion relativement modérée» et qu’aucun «signal d’alerte» ne justifie, à ce stade, un durcissement de l’encadrement.

De quoi alimenter la colère d’une partie de l’opinion, qui voit dans cette inertie un laisser-faire face à des marges jugées abusives. À l’international pourtant, le marché reste sous contrôle grâce à une offre abondante de l’Opep, comme le rappelle Mostafa Labrak, expert en énergie, cité par le quotidien. Pour lui, «la stabilité des cours est en grande partie due à une production accrue pour éviter une flambée durable». Mais cette stabilité pourrait être remise en cause à tout moment si l’Opep décidait de revoir ses quotas.

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À cela s’ajoutent les tensions géopolitiques: l’accord-cadre commercial entre Washington et Bruxelles prévoit l’achat massif d’énergie américaine, soutenant indirectement la demande mondiale de pétrole. Parallèlement, l’ultimatum américain imposé à Moscou entretient l’incertitude et pourrait, à tout moment, peser sur les marchés.

Pris entre la pression internationale et la contestation interne, le gouvernement reste silencieux. En attendant, le bras de fer entre le Conseil de la concurrence et le lobby des distributeurs ne fait que commencer.