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Maroc : vers un leadership africain dans la chaîne de valeur des véhicules électriques

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Le Maroc, futur pôle africain de la production de batteries pour véhicules électriques

Le Maroc s’installe progressivement dans la cartographie mondiale de l’électromobilité. Selon un récent rapport de BMI-Fitch Solutions, intitulé «Africa’s Critical Mineral Reserves Have Long-Term Potential To Drive Growth Of Local EV Value Chains» et repris par le quotidien L’Economiste dans son édition du vendredi 15 août, le Royaume figure parmi les pays les mieux placés pour développer une chaîne de valeur intégrée autour des véhicules électriques (VE) en Afrique. La période de prévision du rapport, couvrant 2025 à 2034, anticipe une explosion de la demande mondiale en minéraux critiques, dopée par l’électrification accélérée de l’industrie automobile.

L’Afrique détient une part considérable des minéraux clés de la transition énergétique (lithium, cobalt, nickel, manganèse et surtout phosphates). Le Maroc, à lui seul, concentre près de 75% des réserves mondiales de phosphate, un élément central pour la production des batteries au lithium-fer-phosphate (LFP). Cette position stratégique attire les regards des investisseurs internationaux.

Ces dernières années, le Royaume a multiplié les annonces d’implantation d’usines et de gigafactories, indique L’Economiste. Les grands noms du secteur sont déjà sur place: CNGR Advanced Material, LG Chem, Huayou Group. Et surtout Gotion High Tech, qui a annoncé en juin 2024 un investissement additionnel de 1,3 milliard de dollars pour construire deux nouvelles gigafactories, après un premier engagement colossal de 6,4 milliards de dollars en 2023.

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Parallèlement, Guangdong Haomei New Materials et Lingyun Industrial ont formé une coentreprise pour développer des boîtiers de batteries, tandis que BTR New Material Group a injecté 300 millions de dollars dans une usine de cathodes inaugurée en avril 2024, lit-on.

Avec son industrie automobile déjà performante, ses infrastructures logistiques de pointe, notamment le complexe portuaire Tanger Med, et sa stabilité politique, le Maroc possède des atouts pour devenir le pôle africain de la production de batteries EV. Mais pour consolider cette position, les experts préconisent une intégration verticale: extraction, transformation, assemblage et recyclage.

L’objectif est de passer du rôle de simple fournisseur de matières premières à celui de puissance industrielle incontournable dans la transition énergétique mondiale. Ce repositionnement permettrait au Royaume de capter une plus grande part de la valeur ajoutée, tout en stimulant l’innovation locale.

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L’étude de BMI-Fitch rappelle que l’Afrique détient près d’un tiers des réserves mondiales de minéraux critiques nécessaires aux batteries et aux véhicules électriques. Si ce potentiel est énorme, les défis restent nombreux: manque d’infrastructures de transport, concurrence féroce de la Chine, de l’Europe et des États-Unis, et nécessité de sécuriser les chaînes d’approvisionnement.

D’ici 2034, la demande mondiale pour ces ressources devrait exploser, ouvrant la voie à des investissements massifs. Les États africains, dont le Maroc, misent sur la montée en gamme industrielle pour raffiner sur place, produire les composants et assembler les batteries localement plutôt que d’exporter les minerais bruts.

Cette stratégie pourrait générer des milliers d’emplois, augmenter les revenus publics et renforcer l’autonomie industrielle du continent. Mais elle exige coordination, innovation et volonté politique, lit-on encore. Comme le souligne le rapport, la décennie qui s’ouvre sera décisive: ceux qui sauront transformer leurs ressources en puissance industrielle sortiront gagnants de la révolution électrique.