Coopération agricole entre le Maroc et l’Allemagne : une nouvelle ère de partenariat
Le coup d’envoi d’une nouvelle phase de coopération agricole entre le Maroc et l’Allemagne a été donné à Rabat, marquant un tournant dans les relations bilatérales. La première réunion du groupe de travail conjoint sur l’agriculture et l’alimentation a réuni des responsables marocains et allemands, avec à leur tête Martina Englhardt-Kopf, secrétaire d’État parlementaire au ministère fédéral allemand de l’Alimentation, de l’Agriculture et de l’Identité régionale.
Une feuille de route ambitieuse pour l’avenir
L’objectif de cette rencontre, indique le quotidien Les Inspirations Éco dans son édition du 8 octobre est de définir une feuille de route à court et moyen terme, en fixant les priorités, les mécanismes de suivi et les modalités de gouvernance. L’importance des acteurs non étatiques, tels que la recherche, le secteur privé et la société civile, a également été précisée. Cette initiative découle de la déclaration conjointe signée à Berlin en janvier 2025, lors du Forum mondial de l’agriculture, et s’inscrit dans le cadre du dialogue stratégique bilatéral. Elle traduit la volonté commune de bâtir une coopération agricole résiliente et productive, alignée sur les objectifs de développement durable.
Un potentiel de croissance à exploiter
Malgré les progrès institutionnels, le commerce agricole entre les deux pays reste modeste par rapport aux échanges globaux. En 2022, les flux bilatéraux ont atteint près de 4,9 milliards d’euros, dont moins de 5% pour l’agroalimentaire. Les exportations marocaines vers l’Allemagne se sont établies à environ 2,1 milliards d’euros, principalement grâce aux fruits et légumes, tandis que les importations allemandes vers le Maroc ont atteint 2,8 milliards d’euros.
Le potentiel de croissance est conséquent, d’autant que la demande allemande pour des produits frais, de saison et certifiés biologiques ne cesse de croître. Entre janvier et mars 2024, le Maroc a exporté près de 35 000 tonnes de fruits et légumes vers l’Allemagne, soit une hausse de 40%. Tomates et poivrons sous serre dominent ce dynamisme, rejoints par les fruits rouges, dont la popularité explose sur le marché européen. La position géographique et climatique du Maroc lui confère un avantage stratégique pour approvisionner l’Europe durant les périodes de creux de production, souligne Les Inspirations Éco.
Une coopération technique fructueuse
Au-delà du commerce, la coopération technique entre les deux pays est ancienne et structurante. Le Centre de conseil agricole maroco-allemand (CECAMA), inauguré en 2014, a servi de plateforme pour le transfert de technologie et la formation continue des agriculteurs. Le dialogue technique sur l’agriculture et la foresterie (DIAF) a favorisé des échanges sur la réglementation, la certification et l’agriculture biologique. Par ailleurs, la collaboration entre l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) et l’Institut fédéral allemand pour l’évaluation des risques (BfR) a renforcé les compétences en matière de sécurité alimentaire.
Diversification des filières pour une croissance soutenue
Plusieurs filières se dégagent comme stratégiques: les fruits et légumes frais, notamment tomates et poivrons sous serre, restent des produits compétitifs. Les fruits rouges et les agrumes offrent des perspectives de montée en gamme, tandis que l’agroalimentaire transformé et les produits biologiques représentent des relais de croissance à moyen terme, notamment sur le marché allemand, très sensible aux labels de durabilité et à l’empreinte environnementale. Le développement des huiles végétales, fruits secs ou plantes aromatiques et médicinales pourrait également ouvrir de nouvelles opportunités.
Consolidation des relations avec l’Union européenne
Parallèlement à ce rapprochement avec l’Allemagne, le Maroc a consolidé ses relations agricoles avec l’Union européenne. Rabat et Bruxelles ont signé un échange de lettres amendant leur accord agricole, étendant les préférences tarifaires aux produits des provinces du Sud. Cette mesure garantit aux agriculteurs de Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab les mêmes conditions d’accès au marché européen que leurs homologues du reste du pays, avec un étiquetage d’origine transparent.
Cette révision sécurise juridiquement les flux commerciaux et intègre pleinement les provinces du Sud dans les dynamiques exportatrices nationales. Pour le Maroc, elle constitue une reconnaissance de l’importance de ces régions dans les échanges avec l’Europe. Pour l’Union européenne, elle assure un approvisionnement stratégique en produits frais et compétitifs, dans un contexte où la sécurité alimentaire et la durabilité des chaînes de valeur sont devenues des priorités.