Revolut lance ses activités au Maroc avec la nomination d’un nouveau directeur des opérations
Après plus d’un an de préparatifs, Revolut concrétise enfin son arrivée au Maroc. La néobanque britannique a annoncé la nomination d’Amine Berrada au poste de directeur des opérations, marquant ainsi le coup d’envoi officiel de ses activités dans le Royaume, écrit le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du 30 juillet. Formé à l’international et passé par le conseil, Berrada sera chargé de piloter les premiers jalons d’un projet encore embryonnaire. Le nouveau patron opérationnel évoque un «projet ambitieux» et une «super application» financière pour un marché marocain qu’il juge «prêt pour l’innovation».
Des défis à relever pour Revolut au Maroc
Mais derrière l’enthousiasme affiché, le chantier s’annonce plus délicat qu’il n’y paraît. D’après Les Inspirations Eco, Revolut n’a toujours pas trouvé de CEO pour sa filiale marocaine, malgré plusieurs cycles d’entretiens. La prudence de Revolut s’explique. Le marché bancaire marocain, bien qu’en modernisation, reste difficile d’accès pour les nouveaux venus. «Obtenir une licence bancaire, ce n’est pas une simple formalité. Il faut justifier d’un capital minimum de 200 millions de dirhams, mais surtout décrocher l’aval de Bank Al-Maghrib et, dans la pratique, celui des grandes banques déjà installées», rappelle un spécialiste du secteur cité par le quotidien. En dix ans, une seule nouvelle licence a été attribuée. L’attributaire était CFG Bank en 2015.
Une approche stratégique pour s’implanter
Consciente de ces contraintes, Revolut a choisi d’entamer son implantation sous le statut, plus accessible, d’établissement de paiement. Un compromis qui lui permet de débuter ses activités, mais limite pour l’heure sa palette de services financiers. L’objectif immédiat serait donc de constituer une équipe locale, nouer des partenariats et prendre le temps d’observer les habitudes de consommation. «Leur ambition initiale était d’obtenir une licence bancaire en deux ans. Mais c’est illusoire. Ils vont utiliser ce délai pour tester le marché et recruter progressivement», confie une source informée à Les Inspirations Eco.
Un défi culturel et réglementaire à relever
Le choix d’un profil comme Amine Berrada s’inscrit pleinement dans l’ADN de Revolut, où la culture de la donnée prime sur le pedigree bancaire classique. «Ils veulent des managers capables de suivre les indicateurs en temps réel, pas forcément des banquiers traditionnels», commente un proche du dossier. Reste à savoir si cette approche pourra s’adapter aux spécificités du marché marocain, où la réglementation, les comportements clients et le poids des acteurs historiques exigent un ancrage local fort.
Un marché potentiel prometteur mais complexe
Sur le papier, le potentiel est là. Avec un taux de bancarisation avoisinant les 58% selon Bank Al-Maghrib, le Maroc compte encore plus de quatre citoyens sur dix sans compte bancaire. Une manne pour une néobanque? Pas si simple. «Le non-recours aux banques est aussi une question de défiance. Pourquoi des personnes qui n’ont pas confiance dans les acteurs locaux en auraient soudain pour une fintech étrangère?», interroge un analyste.
La concurrence et les défis à venir
Pour autant, l’arrivée de Revolut pourrait agir comme un aiguillon. «Toute concurrence est bonne à prendre. Elle poussera peut-être les banques locales à améliorer leur expérience client», espère-t-il.
Mais entre une législation encore floue sur la signature électronique et des opérations bancaires en ligne partiellement couvertes, la révolution promise risque de prendre du temps. «Ce que Revolut compte proposer existe déjà. Et les grandes banques préféreront toujours soutenir un acteur local plutôt qu’un concurrent étranger», conclut-il.