Accueil Economie Transports urbains : début de résolution de la crise entre taxis et...

Transports urbains : début de résolution de la crise entre taxis et VTC

26
0

Les tensions entre taxis traditionnels et VTC au Maroc

Depuis plusieurs années, les chauffeurs de taxis traditionnels, qu’ils soient petits taxis urbains ou grands taxis interurbains, expriment une opposition virulente aux plateformes de VTC, parfois au point d’en venir à la violence physique. Le contexte est tendu, car ces chauffeurs perçoivent ces services comme une menace directe à leur gagne-pain.

Dans un article dédié, le magazine Jeune Afrique décrit la façon dont les chauffeurs de VTC subissent régulièrement des guet-apens de la part des taxis traditionnels. Entre les risques de sanctions administratives lors des contrôles policiers et les agressions physiques, nombreux sont ceux qui finissent par abandonner. Malgré leur interdiction officielle, les plateformes de VTC sont en pleine expansion au Maroc.

Parmi les acteurs présents, on compte la société russe Yango, l’émiratie Careem (racheté par Uber), l’algérienne Yassir, l’estonienne Bolt, la russe InDrive, ainsi que la marocaine Toogo (ex-Heetch Maroc). Ces plateformes connaissent une popularité croissante dans les grandes villes marocaines.

D’après certaines estimations, le nombre de conducteurs de VTC au Maroc dépasserait aujourd’hui les 80.000. Cité par Jeune Afrique, le responsable d’une société opérant dans ce secteur résume la situation ainsi: «Nous sommes très demandés par les usagers, mais nous devons exercer dans une situation de quasi-clandestinité».

Lire aussi:  Une réunion à Fès évoque la réalité et les perspectives du secteur du bâtiment et des travaux publics

En face, les taxis traditionnels représentent un effectif d’environ 77.000 chauffeurs. Ils restent déterminés à défendre leur position face à cette concurrence, jugée déloyale. Lors d’une conférence de presse organisée en janvier, un représentant de la Coordination nationale des syndicats du secteur du transport par taxis a exprimé la méfiance de sa corporation.

«On nous accuse d’être contre la modernisation ou les applications de transport. Nous sommes favorables à ces technologies, mais uniquement si elles profitent à notre secteur, sous contrôle étatique. Nous refusons que des entreprises étrangères recueillent les données des utilisateurs et chauffeurs sans transparence sur l’utilisation des fonds et informations», a-t-il dénoncé.

La nécessité d’une réforme du cadre juridique

L’accumulation de ces tensions et incidents souligne l’urgence d’une réforme du cadre juridique régissant le transport par taxi dans le Royaume. Actuellement, ce secteur est toujours encadré par un dahir datant des années 1960, jugé obsolète face aux défis actuels liés aux nouvelles technologies et à la montée des VTC.

Lire aussi:  Fabrication du câble sous-marin qui reliera le Maroc et la Grande-Bretagne à l'Ecosse

Dans ce contexte, le ministère de l’Intérieur a annoncé son intention de lancer un processus de modernisation. Lors d’une séance de questions orales tenue au Parlement le 2 juin 2025, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a déclaré que «le système actuel des taxis n’était pas viable à long terme». Il a précisé que des études étaient en cours pour élaborer un nouveau cadre réglementaire qui permettra d’intégrer les innovations technologiques tout en protégeant les intérêts des chauffeurs traditionnels.

Cette réforme est d’autant plus cruciale que le Royaume se prépare à accueillir la Coupe du monde de football en 2030, un événement qui nécessitera un système de transport urbain performant, moderne et réglementé, écrit le magazine panafricain.

Vers la légalisation des plateformes de VTC

La légalisation officielle des plateformes de VTC semble désormais inévitable, même si son calendrier reste à définir. Elle marquera une étape majeure dans l’évolution du secteur des transports urbains dans le Royaume.