Les écarts de pensions entre les fonctionnaires de la CMR et de la CNSS
En 2024, la pension de retraite mensuelle moyenne des fonctionnaires relevant du régime civil de la Caisse marocaine des retraites (CMR) s’élevait à 8.567 dirhams. Ce montant dépasse de plus de quatre fois celui des retraités affiliés au régime de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), dont la pension moyenne se situe à 1.814 dirhams selon le rapport d’activité de l’institution, repris par le quotidien Les Inspirations Éco. Cet écart s’explique principalement par les caractéristiques structurelles propres à chaque régime.
La situation des retraités affiliés à la CNSS
Dans le cas de la CNSS, la base de cotisation est plafonnée à 6.000 dirhams bruts, indépendamment du salaire réel perçu par le salarié. Une personne ayant travaillé dans le secteur privé et ayant validé l’ensemble de ses annuités ne peut espérer qu’une pension correspondant à 70% de ce plafond, soit 4.200 dirhams par mois. Très peu de retraités atteignent ce niveau. Moins de 10 % des 522.000 bénéficiaires. Pour les autres, qui n’ont ni patrimoine personnel générant un revenu complémentaire, ni retraite supplémentaire de type CIMR, ni épargne-retraite, le risque de précarité est réel. La majorité des retraités affiliés à la CNSS perçoit moins de la moitié du revenu annuel moyen des ménages, selon l’enquête sur le niveau de vie du Haut-Commissariat au Plan publiée en février 2025.
La nécessité d’une réforme pour réduire les écarts
Cette même enquête indique que la moitié des ménages dispose d’un revenu mensuel de 5.208 dirhams, soulignant l’ampleur de la fracture entre les pensions publiques et privées, écrit Les Inspirations Éco. La réforme envisagée devra donc s’attaquer à cet écart, notamment en levant le plafonnement de la base de cotisation CNSS, un sujet qui a longtemps suscité des débats, certains redoutant un impact sur la compétitivité des secteurs à forte intensité de main-d’œuvre.
Les défis du régime des pensions civiles géré par la CMR
Le régime des pensions civiles, géré par la CMR, fait face à des pressions croissantes soixante-cinq ans après sa création. En 2024, les cotisations salariales et patronales ont atteint 31,92 milliards de dirhams, en hausse de 10,6% par rapport à l’année précédente, grâce notamment aux revalorisations salariales résultant du dialogue social. Toutefois, les prestations versées ont augmenté de 5,92%, atteignant 39,35 milliards de dirhams.
Les perspectives et les solutions envisagées
Pour combler le déficit technique, le régime a dû puiser 7,8 milliards de dirhams dans son fonds de réserve, un montant légèrement inférieur aux prévisions grâce aux cotisations supplémentaires générées par la hausse des salaires, aux produits financiers et aux cessions d’actifs, a-t-on lu dans Les Inspirations Éco. La situation démographique reste préoccupante. Le ratio actifs/retraités est tombé à 1,14 pour la CMR, contre 6,2 pour la CNSS, ce qui signifie qu’un retraité du secteur public est soutenu par moins de deux actifs cotisants. La réforme apparaît donc urgente, surtout avec l’arrivée prévue de 65 213 nouveaux retraités d’ici 2028, soit 13% de l’effectif de la fonction publique civile.
En 2023, un fonctionnaire retraité percevait en moyenne 8.374 dirhams nets par mois, tandis que ceux partant à la retraite la même année touchaient 10.966 dirhams. Les solutions envisagées incluent le report de l’âge de départ à la retraite à 62 ans pour le personnel civil de l’État et l’augmentation des taux de cotisation. Les récentes revalorisations salariales décidées dans le cadre du dialogue social permettent de repousser légèrement l’épuisement des réserves des régimes CMR-RPC et RCAR, mais elles ne garantissent pas la viabilité à long terme. Ce constat est donc un avertissement supplémentaire pour les autorités monétaires et souligne l’urgence d’une réforme structurelle.














































