VALENCIA, 9 février (Maroc-Actu) –
La représentation des CC.OO. au sein du comité d’entreprise de l’usine Ford d’Almussafes (Valence) a annoncé ce mercredi son rejet de l’accord d’électrification négocié par l’UGT car elle le considère comme « totalement disproportionné » et « une très grave perte de pouvoir d’achat ».
Elle rejoint ainsi le rejet avancé mardi par la CGT et le STM, avec lequel l’UGT, syndicat majoritaire au sein du comité d’entreprise, se retrouve seule à défendre le pacte qu’elle a conclu seule à Cologne (Allemagne) avec la direction européenne de la multinationale.
Cet accord est un plan d’ajustement quinquennal avec lequel l’usine valencienne aspire à recevoir la commande de production des modèles électriques de Ford en Europe et à garantir le travail pour les années à venir, une attribution qui est disputée avec l’usine allemande de Saarlouis, qui a également présenté sa propre proposition.
Après des jours de silence, le syndicat majoritaire a dévoilé mardi les détails de l’accord sur les mesures au sein du comité de négociation et a appelé à l’unité du comité et au soutien du reste des syndicats.
Selon l’UGT, il s’agit de « mesures de flexibilité » et d’une « limitation » des salaires jusqu’en 2027, avec des augmentations « pour chacune des années », mais non liées à l’IPC et non consolidées dans des tableaux. Ces mesures sont conditionnées à l’attribution des modèles électriques.
Après avoir pris connaissance des termes du plan négocié par l’UGT, les syndicats STM et CGT l’ont critiqué comme étant un « gel des salaires sur quatre ans ». Aujourd’hui, dans la même veine, CC.OO. a indiqué qu’elle ne la signera pas non plus car elle la considère comme « totalement disproportionnée par rapport aux chiffres qu’elle gère sur la rentabilité et la viabilité des usines en question ».
La CC.OO. s’est adressée aux travailleurs pour les mettre en garde contre les « promotions salariales » préconisées par l’UGT. « Ne vous laissez pas berner », a-t-il demandé, tout en soulignant que les chiffres annoncés sont des rémunérations brutes dont il faut déduire les déductions et qu’elles ne sont pas consolidables.
« Le salaire que le manager vous donne le 8 décembre 2025 sera le même qu’en janvier 2022, mais les produits de première nécessité ne vont pas coûter le même prix en 2025 qu’en 2022 », a-t-il dénoncé, avant d’ajouter que « cela représente une perte de pouvoir d’achat très importante ».
Il a également critiqué l’allongement de 15 minutes de l’horaire de travail, car cela signifie travailler quatre jours de plus par an, et a critiqué la possibilité que les travailleurs doivent travailler certains samedis, jusqu’à plus de 20 par an, selon les calculs de CC.OO..
De même, la CC.OO. a critiqué le « manque de transparence » avec lequel la négociation de l’accord d’électrification a été menée « du premier au dernier jour ».
De même, elle a considéré « injuste et inapproprié » que la direction de la multinationale automobile « confronte deux usines » et leurs travailleurs, celle d’Almussafes et celle de Saarlouis, « toujours avec l’approbation de leurs complices nécessaires », a-t-elle reproché.
Enfin, il a annoncé que les CC.OO. organiseront » prochainement » une assemblée à Valence pour informer sur l’accord et résoudre les doutes des travailleurs affiliés et non affiliés.
STM : « L’ACCORD LE PLUS DOMMAGEABLE DE L’HISTOIRE ».
Pour sa part, le porte-parole du STM, Daniel Portillo, a avancé ce mardi que ce syndicat ne signera pas l’accord car il estime qu’il s’agit d’un « recul des droits et des baisses de salaire ». Dans une déclaration, le syndicat a affirmé que « le personnel de Ford Almussafes ne mérite pas cet accord, qui est le plus dommageable de l’histoire de cette usine » et a demandé qu’il soit soumis à un référendum de l’ensemble du personnel.
M. Portillo a souligné qu' »un gel des salaires sur quatre ans n’a jamais eu lieu auparavant, peu importe à quel point ils veulent l’embellir avec un petit bonus », et encore plus quand « les économistes disent que l’IPC sera très élevé ».
En outre, il a dénoncé « le manque de transparence » à la table des négociations, car « aucun syndicat n’a présenté de proposition de réduction ou de flexibilité ou tout autre joli mot qu’ils veulent utiliser ».
CGT : « PIRE QUE PRÉVU ».
Pour sa part, le délégué CGT Mariano Bosch a déploré que l’accord soit « pire que prévu » et a critiqué le fait que « quatre années de gel des salaires » aient été signées, car les paiements de 1 500 à 2 050 euros que les travailleurs recevront « ne seront pas consolidés dans les tableaux des salaires » et dans quatre ans, la main-d’œuvre « aura le même salaire qu’en 2022 ».
Il a également récriminé que, alors qu’au niveau de l’État, les syndicats débattent de la réduction de la journée de travail, à Almussafes, celle-ci est prolongée de 15 minutes par jour. « C’est plus qu’une semaine de travail dans toute l’année », a-t-il déploré.
Dans l’ensemble, il estime que la demande de soutien de l’UGT est « une question de forme » et considère qu’il est « ahurissant » qu’ils demandent au reste des syndicats d’adhérer à « un accord qu’ils ont négocié dans leur dos » avec la direction valencienne et européenne, dans lequel presque aucun de ses points n’a été abordé auparavant aux tables de négociation.