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La croissance portée par la demande intérieure : un moteur puissant mais fragile

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Progression de l’économie marocaine au deuxième trimestre 2025

Au deuxième trimestre 2025, l’économie marocaine enregistre une progression de 5,5%, un rythme soutenu dans un contexte global marqué par le ralentissement du commerce mondial. Cette évolution repose quasi exclusivement sur la vigueur de la demande intérieure, un phénomène assumé par les pouvoirs publics à travers une stratégie de relance centrée sur la consommation et l’investissement.

«La dynamique de croissance observée s’explique par la vigueur de la demande intérieure, portée simultanément par la consommation des ménages et par une accélération de l’investissement», explique Mohammed Jadri, économiste interrogé par Le360. Ce dernier souligne que ce mouvement est intimement lié au contexte économique actuel, marqué par la mise en œuvre de mesures sociales et fiscales décidées dans le cadre du dialogue social.

La révision de l’impôt sur le revenu, l’augmentation progressive des salaires et le déploiement de l’aide directe aux ménages ont permis «d’améliorer le revenu disponible pour une partie des ménages, ce qui a mécaniquement stimulé la consommation interne».

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Le rôle de l’État dans la croissance économique

L’État joue un rôle central dans cette dynamique. L’investissement public, soutenu par les grands chantiers d’infrastructures inscrits dans le budget 2025, constitue le principal levier. Selon l’expert, «le Maroc reste, en proportion de son PIB, l’un des pays émergents les plus investis par l’État», ce qui engendre des effets multiplicateurs sur les secteurs du BTP, des matériaux de construction, des services et des équipements industriels.

À cet effet, Mohammed Jadri souligne que «l’investissement public continue d’être le principal moteur de stimulation de l’économie nationale», ce qui attire par ricochet une partie de l’investissement privé, notamment dans des secteurs stratégiques comme l’automobile, les énergies renouvelables ou le numérique.

Les défis de la demande extérieure

À l’opposé, la demande extérieure affiche un repli en dépit de bonnes performances sectorielles isolées. «Même si l’automobile ou l’aéronautique affichent des résultats honorables, ils ne compensent pas le recul d’autres filières comme les phosphates, certains produits agricoles transformés ou le textile», analyse Jadri.

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Le Maroc renoue ainsi avec un déséquilibre structurel du modèle de croissance. Selon l’expert, «la demande interne progresse beaucoup plus vite que la demande extérieure, créant un déficit commercial et une contribution négative du commerce extérieur à la croissance».

Les recommandations pour un modèle de croissance durable

Mohammed Jadri appelle à faire du moteur interne un levier de mutation productive. «La demande intérieure doit devenir un levier de transformation productive, pas un simple moteur conjoncturel», insiste-t-il.

Renforcer la demande extérieure suppose avant tout une montée en gamme de l’offre exportable, une compétitivité structurelle améliorée à travers des réformes logistiques, fiscales et de formation ainsi qu’une gestion macroéconomique plus prudente. Faute de quoi, le Maroc pourrait se retrouver dans «un piège de croissance molle, où les effets sont temporaires et non transformateurs».