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Optimisation de l’efficacité énergétique: un pilier essentiel de la transition au Maroc

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L’efficacité énergétique, un enjeu majeur pour le Maroc

Alors que le Maroc ambitionne de réduire sa consommation énergétique de 20% d’ici 2030, l’efficacité énergétique reste, selon l’expert Saïd Guemra, le grand oublié de la stratégie nationale. Consultant et docteur en énergie, il appelle, dans un entretien accordé à Finances News Hebdo, à une refonte urgente des priorités, estimant que la transition énergétique marocaine ne peut réussir sans placer l’efficacité énergétique au premier plan, bien avant le déploiement des énergies renouvelables.

Un ordre des priorités mal compris

«Depuis la vision royale de 2009, l’efficacité énergétique est censée être le premier pilier de la transition énergétique. Pourtant, aucun bilan vérifiable n’a été produit à ce jour», déplore Saïd Guemra. Pour lui, l’ordre des priorités est mal compris. Les projets solaires ou éoliens ne devraient intervenir qu’en dernier, après la sobriété énergétique, l’optimisation des usages et l’amélioration de la productivité. Cette séquence, selon lui, permettrait d’atteindre le net zéro à moindre coût, en finançant les renouvelables avec les économies générées en amont.

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Des défis à relever

Mais en 2025, le constat est alarmant. «L’objectif de 20% d’économie d’ici 2030 implique une réduction annuelle de 1% sur vingt ans. Or, à ce jour, rien ne permet de confirmer qu’un tel rythme est suivi», explique l’expert. L’absence d’un système rigoureux de mesure, reporting et vérification (MRV) empêche de quantifier les économies réelles. Résultat: le Maroc pourrait passer à côté de 26 milliards de dirhams d’économies d’ici 2030, si les 66 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep) de consommation primaire évitables ne sont pas maîtrisées.

Des solutions innovantes

Autre écueil: le décret instaurant les audits énergétiques obligatoires pour les grandes entreprises reste peu impactant. Selon Guemra, l’audit ponctuel ne suffit plus. «Il faut passer au baby-sitting énergétique: une surveillance en temps réel via des capteurs intelligents et l’intelligence artificielle. Ce monitoring continu permet d’identifier immédiatement les dérives de consommation», affirme-t-il. Il cite à ce titre l’exemple de l’aéroport Mohammed V, où une simple optimisation du système de climatisation a permis une économie annuelle de 8 millions de dirhams, sans investissement majeur.

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Un changement de paradigme nécessaire

Dans un contexte de concurrence internationale et de pression croissante sur la décarbonation, l’inaction coûte cher. Pour Guemra, l’efficacité énergétique génère des retombées plus rapides et plus importantes que les investissements dans les renouvelables, à un coût bien moindre. Et pourtant, elle reste quasi absente de la dynamique actuelle. «Le Maroc ne mobilise aujourd’hui qu’un quart de son potentiel énergétique de transition. La moyenne et basse tension sont fermées aux renouvelables, et l’efficacité énergétique reste marginalisée».

Conclusion

Pour espérer atteindre ses objectifs climatiques, le Maroc devra donc changer de paradigme et intégrer pleinement l’efficacité énergétique dans toutes ses politiques publiques et industrielles, avec des outils modernes de gestion, une formation de profils spécialisés et un accompagnement rapproché des entreprises. «Il faut une révolution de méthode et de culture. L’efficacité énergétique, c’est maintenant ou jamais», conclut-il.