La directive sera votée en commission au PE le 28 février, et en mars en plénière.
Marrakech, 18 Maroc-Actu)
Plusieurs députés espagnols membres de la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres du Parlement européen se sont mis d’accord pour demander que la directive sur la transparence salariale soit applicable aux entreprises de moins de 250 travailleurs, un nombre minimum établi par cette ordonnance européenne lorsqu’il s’agit d’exiger des obligations plus strictes en matière de transparence salariale.
C’est ce qu’ont déclaré María Eugenia Rodríguez Palop (La Izquierda), Rosa Estarás (PPE), Lina Gálvez (S&D), Soraya Rodríguez (RE), ce vendredi lors d’un séminaire de presse organisé par le Bureau du Parlement européen en Espagne, au cours duquel les députés ont convenu que la taille des entreprises auxquelles s’applique la directive ne peut être fixée à 250 travailleurs, préconisant d’atteindre les entreprises plus petites dans le but ultime de rendre toutes les entreprises transparentes en matière d’égalité de rémunération entre leurs employés.
Selon la proposition de la Commission européenne, cette directive détermine une série de mesures pour la transparence salariale sur les lieux de travail, prévoit des sanctions pour ceux qui ne la respectent pas et améliore l’accès à la justice pour les victimes de discrimination dans ce domaine afin de protéger les travailleurs de sorte que ce soit l’employeur et non le travailleur qui doive prouver qu’il n’y a pas de discrimination salariale.
Pour les effectifs d’au moins 250 personnes, les entreprises doivent publier des informations sur les écarts de rémunération entre les employés masculins et féminins au sein de l’entreprise. En interne, ils doivent également fournir des informations sur l’écart de rémunération entre les sexes par catégories d’emploi effectuant le même travail ou un travail de valeur égale. Lorsqu’un écart salarial injustifié d’au moins 5 % est constaté, les employeurs sont tenus de procéder, avec les représentants syndicaux, à une évaluation des salaires.
Le rapport sur la proposition de directive sera soumis au vote de la commission des droits de la femme du Parlement le 28 février et le texte devrait être soumis au vote en plénière à la mi-mars.
L’eurodéputée María Eugenia Rodríguez Palop, vice-présidente de la commission, a déclaré vouloir « améliorer la directive » avec des mesures « plus concrètes et plus énergiques ».
Elle a préconisé de réduire la taille des entreprises de 250 travailleurs à zéro, dans le but ultime de s’assurer que cette directive sur la transparence des salaires touche toutes les entreprises. De même, le Palop a proposé de donner des délais, d’établir des tampons et d’offrir un soutien financier et technique comme mesures permettant aux PME de se conformer plus facilement à cette directive sans être affectées par « une charge administrative excessive ».
En ce sens, Estarás (PPE) a défendu l’application de cette directive sur la transparence salariale « avec beaucoup de bon sens » et en rappelant qu' »une PME n’est pas la même chose qu’une grande entreprise » et que, par conséquent, « les choses doivent être faites de manière proportionnelle et acceptée ». En ce sens, il a appelé les États membres à mettre en place des aides, de manière à rendre l’application de cette directive attractive pour tous.
Dans le même ordre d’idées, la socialiste Lina Gálvez (S&D) a déclaré, à propos de l’idée de réduire à zéro le nombre minimum de travailleurs afin qu’il soit applicable à toutes les entreprises : » Nous avons un mandat pour défendre les PME « . M. Gálvez a également souligné qu’autrement, « les entreprises ne seraient pas en concurrence sur un pied d’égalité », car certaines seraient « plus transparentes que d’autres ».
En revanche, la position défendue par Soraya Rodríguez (RE) était d’abaisser le seuil aux entreprises d’une cinquantaine de travailleurs dans le but de » trouver un consensus dans la Chambre « , considérant qu’il est » fondamental » que l’articulation de cette directive » produise des avancées substantielles « .
Au cours du débat, l’eurodéputée de Renouveau Europe s’est félicitée du fait que la directive offre un instrument contraignant, déclarant que l’égalité des salaires « a besoin d’avancées contraignantes spécifiques » et c’est ce à quoi répond cette directive. Elle a également salué l’extension de concepts tels que le paiement en espèces ou en nature, comme le logement, etc.
Pour sa part, M. Palop a réfléchi à l’écart salarial de 5 % qui est accepté et s’est demandé pourquoi ce seuil. Selon lui, l’objectif final et idéal doit toujours être de 0%, même si en cours de route, lors des transpositions, un certain déséquilibre est assumé.
M. Estarás, pour sa part, a déclaré que cette directive « favorise un climat attrayant pour la société » car « elle élève les niveaux d’égalité dans une société qui défend les droits de l’homme ». Il a également souligné qu’elle est « importante » pour les employeurs car elle rend leur entreprise attrayante pour les nouveaux travailleurs.
L’eurodéputée socialiste a souligné que plus le salaire est élevé, plus le taux de participation des femmes est élevé. « Depuis 2001 (dans ce pays), il y a plus de femmes que d’hommes en âge de travailler et cet écart n’a toujours pas été comblé », a déclaré Mme Gálvez.
L’ÉCART DE RÉMUNÉRATION AFFECTE ÉGALEMENT LES PENSIONS
L’écart de rémunération entre les hommes et les femmes dans l’Union européenne est de 14,1 %. Les trois pays présentant les plus grands écarts sont l’Estonie (21,7 %), la Lettonie (21,2 %) et l’Autriche (19,9 %), tandis que le pays présentant la plus faible inégalité salariale est le Luxembourg (1,3 %). L’Espagne se situe en dessous de la moyenne de l’UE, avec 9,4 %, selon les données d’Eurostat pour 2019.
Cet écart de rémunération entre hommes et femmes affecte également leurs pensions. Dans l’UE, la différence de pension moyenne entre les hommes et les femmes est de 30,1 %.
La proposition de la Commission doit maintenant être transmise au Parlement européen et au Conseil pour approbation. Une fois le processus achevé, les États membres disposeront de deux ans pour transposer la directive en droit national et communiquer les instruments pertinents à la Commission. Après huit ans, la Commission procédera à une évaluation de cette directive.